Les Frères musulmans ont-ils perdu leur dernière carte dans la scène syrienne ?

Le chercheur et analyste politique Rami Khalifa Al-Ali a affirmé que le mouvement des Frères musulmans connaît désormais une série de désillusions, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir du président Ahmad Al-Sharaa en Syrie. Selon lui, la confrérie a échoué à établir une quelconque présence politique ou idéologique dans la nouvelle Syrie.
Dans un article publié sur le réseau d’information Tawasul, Al-Ali a expliqué que les Frères musulmans « se sont illusionnés en pensant que le moment du changement à Damas représentait une opportunité historique pour se repositionner au sein de l’État syrien ». Il a ajouté que la confrérie « a accueilli le changement avec un enthousiasme de façade, tout en tentant rapidement d’imposer son discours et son agenda idéologique, y compris dans des lieux symboliques comme la mosquée des Omeyyades ».
Al-Ali a souligné que la nouvelle administration syrienne n’avait aucune intention de permettre à quelque groupe que ce soit de « confisquer la décision nationale ou d’imposer une tutelle idéologique sur l’État », et que les autorités ont pris des mesures fermes pour écarter les personnalités tentant de s’étendre sous couvert religieux ou politique.
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Il a ajouté que la situation actuelle illustre un profond désarroi au sein de la confrérie, désormais « rejetée tant sur le plan populaire que politique, non seulement par la société syrienne mais également par la plupart des capitales arabes, lassées des expériences de l’islam politique ».
Selon lui, l’ouverture de Damas sur l’espace arabe et son éloignement progressif de Téhéran – en particulier après la dernière guerre israélienne – ont mis en évidence l’impasse dans laquelle se trouve la confrérie. « Les Frères musulmans se trouvent aujourd’hui dans un camp qui ne leur ressemble ni de près ni de loin à la nouvelle Syrie. Plutôt que de remettre en question leur projet défaillant, ils attaquent la nouvelle direction politique », a-t-il estimé.
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Al-Ali a conclu en affirmant que la Syrie, sous la direction d’Ahmad Al-Sharaa, « ne recherche pas des partenaires dans le chaos ou la division, mais dans la reconstruction », ajoutant que « l’attaque actuelle des Frères musulmans n’est qu’une preuve supplémentaire de leur incapacité à accepter l’existence d’un État souverain et indépendant dans ses décisions, et équilibré dans ses positions arabes ». Il a enfin insisté sur le fait que les expériences passées ont démontré que la confrérie « considère l’État comme un outil de domination, et non comme un cadre de construction nationale ».