L'Europe

Les Frères musulmans en Europe et la jeunesse : un bras long avec 31 branches et une stratégie de recrutement structurée


La jeunesse occupe une place centrale dans la stratégie des Frères musulmans en Europe. Le mouvement cherche à influencer cette tranche d’âge en vue du recrutement, et c’est dans ce cadre que s’inscrit l’action de l’organisation FEMYSO.

Selon le dernier rapport de l’Office pour la protection de la Constitution (renseignement intérieur) du Land de Bade-Wurtemberg en Allemagne, un réseau étendu de mosquées, d’associations et d’institutions liées aux Frères musulmans est actif à travers l’Europe. L’Union des organisations islamiques en Europe (FIOE) en constitue la structure faîtière, se présentant comme l’interlocuteur principal des musulmans sunnites sur le continent.

Dans le domaine de la jeunesse, le Forum des organisations de jeunesse et d’étudiants musulmans d’Europe (FEMYSO) joue un rôle équivalent. Basée également à Bruxelles, cette organisation coordonne les actions des jeunes et des associations étudiantes affiliées aux cercles des Frères musulmans dans chaque pays. Il est courant que des enfants de dirigeants influents du réseau frériste européen occupent des postes de responsabilité en son sein.

Les rapports des services allemands soulignent que les Frères musulmans ciblent principalement les jeunes et les adolescents, car il est plus aisé de les influencer et de les enrôler. C’est précisément ce qui rend préoccupante l’action de FEMYSO, considérée comme un bras opérationnel du mouvement pour influencer la jeunesse, en Allemagne et dans toute l’Europe.

Les activités passées de FEMYSO ont déjà suscité l’attention. En 2021, elle a été au cœur d’une interpellation au Parlement européen en raison de ses liens présumés avec les Frères musulmans et de son infiltration supposée dans les institutions de l’Union européenne.

À cette occasion, le député européen Nicolas Fest a adressé une question à la Commission européenne au sujet du financement, de la mise en œuvre et du contrôle de la campagne « WE CAN4HR » lancée par le Conseil de l’Europe pour lutter contre les discours de haine en ligne. Cette campagne, financée par le programme européen « Droits, égalité et citoyenneté », a organisé, les 27 et 28 septembre 2021, un atelier en collaboration avec FEMYSO, que plusieurs observateurs qualifient d’organisation liée aux Frères musulmans.

La même année, le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a vivement critiqué FEMYSO, la qualifiant de « marionnette » aux mains de l’organisation islamiste. Cette déclaration faisait suite à une rencontre entre la commissaire européenne à l’Égalité, Helena Dalli, et des représentants d’associations de jeunesse musulmane, dont FEMYSO.

Le magazine américain Politico a également relayé des avertissements lancés par Lorenzo Vidino, directeur du programme sur l’extrémisme à l’université George Washington, qui enquête depuis des années sur les activités des Frères musulmans en Europe. Vidino considère FEMYSO comme une émanation directe de la FIOE, elle-même structure liée aux Frères musulmans.

FEMYSO a été fondée en 1996 dans le but de regrouper sous une même bannière toutes les associations de jeunes et d’étudiants proches idéologiquement des Frères musulmans, selon le Centre de documentation sur l’islam politique en Autriche. L’organisation regroupe actuellement 31 associations dans 20 pays européens. Son fondateur et premier président est Ibrahim El-Zayat, figure centrale du réseau frériste en Europe.

Selon des informations disponibles, l’Association des jeunes musulmans d’Autriche (MJÖ) a été membre de FEMYSO entre 2003 et 2005. Toutefois, certains indices laissent penser que cette affiliation aurait perduré bien au-delà de cette période.

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