Les Frères musulmans de Tunisie : les jugements récents ouvrent-ils la voie à la dissolution du mouvement Ennahdha et à son classement comme organisation terroriste ?

Les décisions judiciaires rendues dans la nuit de vendredi à samedi à l’encontre des Frères musulmans en Tunisie ont déclenché un large débat politique sur la nécessité de dissoudre définitivement le mouvement Ennahdha et de le classer comme organisation terroriste.
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Dans ce contexte, l’analyste politique tunisien Omar El Iferni a déclaré que les derniers jugements « ont balayé les illusions des Frères musulmans quant à un retour au pouvoir », soulignant que ces décisions sont le résultat de l’accumulation de dossiers impliquant Ennahdha dans des affaires liées au terrorisme et à la sécurité, notamment la tentative d’assassinat du président Kaïs Saïed. Le verdict dans cette affaire est attendu pour mai prochain et pourrait aller jusqu’à la peine capitale.
El Iferni a ajouté que « ces verdicts renforcent l’hypothèse du classement d’Ennahdha comme parti terroriste, d’autant plus que son président, Rached Ghannouchi, a été condamné à plusieurs peines, dont 22 ans pour une affaire d’intelligence avec une partie étrangère et 5 ans pour financement étranger illégal ».
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Il a également souligné que « le mouvement est impliqué dans des dossiers d’assassinats politiques et d’envoi de jeunes dans des zones de conflit ». Selon lui, « la détention de la plupart des dirigeants du mouvement a privé les Frères musulmans de toute capacité d’influence ou de gestion des conflits politiques. Ils ont perdu leurs principaux leviers : les médias, le financement et les alliances ». Il a conclu en affirmant que « la dissolution juridique du mouvement Ennahdha est devenue une revendication populaire qu’il n’est plus possible d’ignorer ».
Par ailleurs, un groupe de députés a présenté une motion politique au Parlement demandant la dissolution d’Ennahdha et son classement comme organisation terroriste.
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Dans cette motion, il est indiqué que le « démantèlement de l’appareil de destruction » lié à Ennahdha constitue une condition essentielle pour reconstruire l’État et récupérer les institutions nationales infiltrées. Elle appelle toutes les institutions de l’État, y compris le Parlement, à s’engager pleinement dans ce processus.
Selon le contenu de la motion, le mouvement Ennahdha compte parmi ses rangs des dirigeants impliqués dans des financements suspects provenant de parties étrangères, et liés à une « structure secrète » responsable des assassinats politiques, des opérations de transfert de combattants et du terrorisme transfrontalier.