Les Frères musulmans de Tunisie et l’instrumentalisation de la cause palestinienne : une illusion de retour

Après avoir perdu l’essentiel de leur popularité, les Frères musulmans en Tunisie tentent d’exploiter la cause palestinienne pour regagner la sympathie de l’opinion publique et revenir sur la scène politique.
Dans une démarche perçue comme désespérée et purement symbolique, le mouvement islamiste a tenté de capitaliser sur l’opération baptisée « Caravane de la Résilience », brandissant le slogan de « levée du blocus sur Gaza ». Des figures de la mouvance ont participé à cette initiative dans le but de se repositionner politiquement.
Aujourd’hui, les Frères musulmans essaient de mobiliser la population pour accueillir le retour de cette caravane, qui est revenue sur ses pas sans atteindre ses objectifs, dans une tentative de générer un élan populaire et raviver une popularité en berne.
L’exploitation de la cause palestinienne par le mouvement se manifeste aussi dans le fait de lier systématiquement leurs revendications, notamment celles relatives aux détenus de la mouvance Ennahdha, aux manifestations organisées sous la bannière du « soutien à la Palestine ».
Des observateurs de la scène politique tunisienne affirment que le mouvement tente de récupérer sa base populaire en surfant sur la cause palestinienne et en renforçant la visibilité de la « Caravane de la Résilience ».
La députée tunisienne Fatma Mseddi a dénoncé cette manœuvre dans une publication sur Facebook, déclarant : « Maintenant que vous avez compris que la Caravane de la Résilience cache un plan sournois des Frères musulmans, vous voulez accueillir ses membres en héros ? Où est le gouvernement ? »
Elle a mis en garde contre cette caravane, estimant qu’il ne s’agit pas simplement d’une initiative humanitaire en faveur de Gaza, mais plutôt d’une tentative de redorer l’image des Frères musulmans et de relancer leur positionnement politique après leur chute dans plusieurs pays arabes.
Selon elle, cette initiative est menée par des personnalités liées à la confrérie, dans le but de créer un nouvel espace politique à travers l’exploitation du drame palestinien, surtout après la perte de légitimité du mouvement dans des pays clés comme l’Égypte, la Syrie et la Tunisie.
Dans le même esprit, l’activiste et analyste politique tunisien Omar El Yafrani a déclaré que « le mouvement Ennahdha cherche à exploiter la cause palestinienne pour émouvoir les Tunisiens solidaires avec le peuple palestinien et leur faire croire que la mouvance est à leurs côtés ».
Il a ajouté que les Frères musulmans « ont perdu tous leurs soutiens, tant sur le plan populaire qu’international, et que leur mouvement souffre de divisions internes, ce qui les pousse à surfer sur l’émotion collective en participant à la caravane pour regagner une forme de soutien ».
Toujours selon lui, Ennahdha n’a plus la capacité de mobiliser la rue contre le président Kaïs Saïed, et certains de ses dirigeants cherchent donc de nouvelles stratégies pour attendrir l’opinion publique.
La « Caravane de la Résilience » maghrébine est entrée sur le territoire tunisien jeudi, après avoir quitté le pays le 9 juin avec plus de 1 700 participants, parmi lesquels des activistes, des médecins, des défenseurs des droits humains et un contingent venu d’Algérie.
La caravane visait à atteindre le poste-frontière de Rafah entre l’Égypte et Gaza, mais elle s’est arrêtée à Syrte en Libye avant de faire demi-tour. Parmi les participants figuraient plusieurs figures emblématiques d’Ennahdha, notamment Abdel Latif Mekki.