Les Frères musulmans cherchent-ils à reprendre le contrôle des syndicats au Soudan ?

Dans une démarche qui a suscité une vive controverse sur la scène soudanaise, l’Instance nationale pour la défense des droits et des libertés a déposé un recours juridique auprès de la Cour suprême de Port-Soudan, contestant une décision émise par le Registraire général des organisations syndicales, ordonnant la reconduction des bureaux exécutifs des syndicats dissous après la révolution de décembre 2019, en les transformant en comités préparatoires.
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Selon l’Instance, cette décision représente une tentative manifeste de réintégrer dans les structures syndicales les figures du régime déchu, y compris des membres éminents de la mouvance islamiste et des Frères musulmans, exclus du champ syndical à la suite de la révolution ayant mis fin au régime d’Omar el-Béchir.
Dans un communiqué officiel obtenu par Madamik, l’Instance affirme que cette décision viole les lois en vigueur et la Déclaration constitutionnelle adoptée par le pouvoir de transition, soulignant qu’elle constitue un grave recul des acquis de la révolution pacifique, par laquelle les syndicats avaient recouvré leur légitimité démocratique.
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Le texte insiste également sur le fait que la décision ignore les conséquences de la guerre actuelle, qui a entraîné la destruction de nombreux sièges syndicaux, le déplacement massif de membres, et conduit à une quasi-paralysie de l’activité syndicale dans les secteurs civils de l’État.
L’Instance appelle l’ensemble des syndicats et des fédérations professionnelles nationales à se joindre à la procédure juridique en cours pour faire annuler cette décision, en défense de l’indépendance syndicale et afin de préserver les acquis de la révolution populaire soudanaise.
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Pour rappel, en 2019, le Comité pour le démantèlement du régime de l’ancien pouvoir avait pris la décision de dissoudre les syndicats, saisir leurs biens, et mettre en place des comités provisoires en attendant l’élaboration d’une nouvelle loi encadrant le travail syndical. En novembre 2022, cependant, la Cour suprême avait statué en faveur de la restauration des syndicats dans leur composition d’avant la chute du régime.
Cette dernière évolution ravive les craintes d’un retour à une époque où les syndicats étaient sous la coupe des Frères musulmans et de la mouvance islamiste, ce qui contredit fondamentalement les principes de la révolution, qui réclamait liberté, autonomie syndicale et rupture avec les pratiques autoritaires du passé.
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