Politique

Les erreurs de l’Afghanistan : comment les éviter en Syrie ?


La nouvelle administration syrienne dispose de peu de modèles à suivre dans sa quête pour obtenir la reconnaissance internationale.

Il n’existe pas de directives précises sur la gestion d’un gouvernement lié à des groupes classés comme terroristes, ni de règles claires pour les gouvernements étrangers sur la manière de sortir une ancienne branche d’Al-Qaïda de son isolement. Toutefois, la nouvelle administration syrienne dirigée par Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) et la communauté internationale peuvent tirer des enseignements du retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan en 2021.

Après la prise de Kaboul par les Talibans, l’Afghanistan a souffert de sanctions et d’autres formes d’isolement économique et diplomatique. Les gouvernements du monde entier ont échoué à agir rapidement et efficacement pour alléger la crise de pauvreté dans le pays. Les sanctions économiques n’ont pas affecté les Talibans mais ont plongé la population afghane dans la famine.

La plupart des pays ont refusé de négocier avec les Talibans d’une manière qui aurait pu renforcer les droits des femmes ou d’autres normes internationales. Au lieu de cela, ils ont préféré attendre que les nouveaux dirigeants afghans agissent d’eux-mêmes.

Le mois dernier, des responsables étrangers ont engagé des discussions plus profondes avec Hay’at Tahrir al-Sham, une démarche qui contraste avec l’approche adoptée vis-à-vis des Talibans. HTS a encouragé ce dialogue en faisant preuve de flexibilité politique et idéologique. Cependant, selon le magazine américain Foreign Affairs, le monde semble répéter les mêmes erreurs qu’en Afghanistan.

Les responsables occidentaux semblent intéressés par la « nouvelle Syrie », mais sans mettre en œuvre des actions concrètes pour permettre à son économie de se redresser après des années de crise depuis 2011.

Les États-Unis et leurs partenaires doivent agir rapidement pour atténuer les impacts sévères des sanctions sur la Syrie. Ils devraient établir une voie claire pour lever ces sanctions et reconnaître diplomatiquement HTS en échange d’engagements concrets des nouveaux dirigeants. Une lenteur occidentale pourrait entraîner l’effondrement du pays et perdre l’opportunité de convaincre les anciens rebelles de rester sur la bonne voie.

Leçons à tirer de l’Afghanistan :

  1. Réduire les souffrances humanitaires :
    L’impact des sanctions doit être pris en compte rapidement. Après la chute de Kaboul, il a fallu six mois avant que les gouvernements étrangers n’agissent. Washington a accordé des exemptions majeures aux sanctions, tandis que l’ONU a stabilisé l’économie en Afghanistan en envoyant des fonds pour l’aide humanitaire.
  2. Offrir des conditions claires pour la reconnaissance :
    L’absence de directives précises a limité les interactions internationales avec les Talibans. Les demandes occidentales concernant les droits des femmes ou la formation d’un gouvernement inclusif restaient vagues et inefficaces.

Comme les Talibans, les nouveaux dirigeants syriens proviennent d’un mouvement autrefois affilié à des organisations terroristes comme Al-Qaïda et, avant cela, Daech. Hay’at Tahrir al-Sham a émergé en 2017 après la fusion de plusieurs groupes armés autour du Front al-Nosra, créé par Ahmad al-Sharaa (Abou Mohammad al-Joulani).

Cependant, HTS diffère des Talibans : ses leaders sont issus de milieux urbains, éduqués et cherchent à s’intégrer davantage dans les réseaux mondiaux. HTS a tenté de rompre ses liens avec des ennemis de l’Occident comme les groupes terroristes, se concentrant sur la lutte contre le régime d’Assad et la Russie.

Depuis 2017, HTS gouverne Idleb avec certaines restrictions religieuses, mais se montre globalement plus tolérant que les Talibans. Les dirigeants ont adopté un ton conciliant, promettant de respecter les droits des minorités et d’intégrer toutes les composantes de la société dans les structures officielles.

Cependant, HTS fait face à des défis majeurs : elle est toujours classée comme organisation terroriste par l’ONU, l’UE, le Royaume-Uni, la Turquie et d’autres acteurs influents. De plus, les sanctions imposées à la Syrie elle-même, combinées à d’autres facteurs, aggravent l’effondrement économique et la crise humanitaire.

Sans allègement des sanctions, la pauvreté augmentera, entravant l’aide humanitaire et créant une crise pire que celle de l’Afghanistan.

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