L’entrée des factions islamiques syriennes dans le processus politique : coup tactique ou véritable transformation ?
L’expert des mouvements islamistes, Islam Al-Katatni, a livré une analyse approfondie de la situation des factions islamiques en Syrie, soulignant que leur participation au processus politique ne traduit pas nécessairement une transformation idéologique ou morale, mais pourrait plutôt s’inscrire dans une stratégie tactique à plus grande échelle.
Cette lecture, publiée sur le site d’information Newsroom, affirme que le comportement de ces factions ne révèle qu’une volonté de reproduire leur influence aux dépens de l’État central.
Lors d’une intervention téléphonique sur la chaîne Extra News, Al-Katatni a expliqué que les politiques adoptées par les grandes puissances, notamment les États-Unis, ont toujours été marquées par une évidente duplicité, en particulier dans leur approche des idéologies armées et du terrorisme. Il a ajouté que le soutien accordé par Washington, Londres et Israël à certaines factions islamistes après l’invasion de l’Irak en 2003 faisait partie d’une stratégie plus vaste visant à créer des leviers d’influence régionale.
D’un point de vue politique, Al-Katatni estime que ce qui se passe aujourd’hui en Syrie n’est pas un changement profond, mais une reconfiguration du théâtre de guerre, où les factions islamiques sont désormais présentées comme des partenaires politiques ou comme un vecteur de solution, alors que leur structure organisationnelle et idéologique demeure inchangée.
Il a précisé que les slogans religieux brandis par ces groupes ont souvent servi d’outil électoral pour obtenir un soutien populaire, mais qu’ils n’ont pas empêché ces mouvements de consentir à d’importantes concessions dès qu’ils ont accédé à des positions de pouvoir.
Concernant le dossier syrien en particulier, Al-Katatni a averti que l’intégration de combattants étrangers au sein de ce qu’on appelle “l’Armée nationale syrienne” constitue une grave erreur historique, en raison du contraste entre les composantes de cette armée et celles de l’identité nationale syrienne. Il a estimé que cette démarche illustre la désintégration des priorités nationales de ces factions, désormais transformées en instruments régionaux plutôt qu’en partenaires du pays.
Cette analyse souligne enfin que la voie vers une véritable solution politique en Syrie ne dépend pas uniquement de la signature d’un accord ou de la formation d’un gouvernement, mais aussi d’une crise de légitimité : ces factions accepteront-elles de se soumettre à l’autorité de l’État et à la primauté du droit, ou continueront-elles à agir en marge du système sous couvert de participation politique ?
Et de conclure par une interrogation lourde de sens : « Sommes-nous réellement face à une transformation, ou à une manœuvre politique habile ? »
