L'Europe

Le visage doux des Frères en Allemagne… Qu’est-ce que l’alliance CLAIM ?


L’alliance « CLAIM », liée aux Frères musulmans, s’est propulsée au premier plan après d’avoir révélé ses sources de financement et les tentatives de certains partis de suivre ses traces en Allemagne.

Le mois dernier, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), deuxième plus grand bloc au Bundestag, a adressé une question urgente au gouvernement au sujet de subventions publiques accordées à certains projets gérés par des structures affiliées aux Frères.

Dans le préambule de cette interpellation, le groupe parlementaire de l’AfD a déclaré : « Le gouvernement fédéral soutient depuis des années des organisations œuvrant pour la promotion de la démocratie, de l’intégration et la lutte contre la discrimination. Parmi ces organisations figurent l’Alliance contre l’hostilité envers l’islam et les musulmans (CLAIM), le Réseau des nouvelles organisations allemandes, ainsi que des partenaires régionaux comme Teilseiend e. V., et l’Académie islamique de Heidelberg. »

Cette interpellation ouvre un dossier épineux en Allemagne : le financement d’organisations évoluant dans une zone grise — non directement liées aux Frères mais opérant dans le cadre de leur réseau et mettant en œuvre leur stratégie — comme l’alliance CLAIM, financée par des fonds publics dans le cadre de programmes de soutien à la démocratie et à l’intégration.

Un million et demi d’euros

Selon une note adressée par le gouvernement au Parlement le 30 octobre dernier, le ministère fédéral de l’Intérieur a accordé à CLAIM un soutien de 60 000 euros pour l’exercice 2024, et de 373 000 euros pour l’exercice 2025.

De son côté, la commissaire fédérale aux affaires relatives aux migrations, aux réfugiés et à l’intégration — qui est également commissaire fédérale chargée de la lutte contre le racisme — a financé un projet de l’alliance CLAIM à hauteur de 54

770,22 euros en 2022, 281 610,90 euros en 2023, 202 283 euros en 2024 et 230 254 euros en 2025.

Par ailleurs, le site du programme « Vis la démocratie », relevant du ministère fédéral de la Famille, indique que l’alliance CLAIM a reçu 625 000 euros de financement en 2025.

L’alliance CLAIM a perçu au total 1,5 million d’euros en 2025, de la part du gouvernement fédéral et de la municipalité de Berlin.

Ces financements, ainsi que la tentative de l’AfD de suivre les activités de CLAIM, ont remis le dossier sur la table et soulevé des interrogations sur la nature de cette organisation.

Qu’est-ce que l’alliance CLAIM ?

Sur son site web, l’alliance CLAIM se présente ainsi : « Nous travaillons à sensibiliser, créer des réseaux, soutenir la société civile et l’administration publique dans tout le pays, et nous documentons à l’échelle nationale les incidents d’hostilité envers l’islam et les musulmans, ainsi que le racisme dirigé contre les musulmans. »

Le même site précise que le conseil d’administration de CLAIM se réunit deux fois par an et « se distingue par sa vaste expérience dans les domaines de l’islamophobie, du racisme antimusulman et de la haine envers les musulmans ».

Lien avec les Frères

Cependant, ce visage doux qui se cache derrière des slogans séduisants dissimule un réseau fidèle aux Frères, révélé par différents fils et organisations.

Les Frères dirigent CLAIM en coulisses, derrière un rideau « apaisant », afin d’atteindre leurs objectifs et diffuser leurs idées radicales en Allemagne.

L’alliance a vu le jour après que l’organisation de la société civile « Insan », fortement liée aux Frères désignés comme terroristes, a joué un rôle central dans sa création.

Mohamed Hajjaj, directeur exécutif d’Insan, est également vice-président du Centre culturel Tayba — que des rapports de l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (services de renseignement intérieur) classent comme faisant partie du réseau des Frères en Allemagne.

Outre Hajjaj, un autre pont relie Insan à CLAIM et renforce les liens avec le réseau des Frères : une personnalité controversée considérée comme le « visage doux » du groupe en Allemagne — Nina Mohy.

Mohy, qui occupe un rôle dirigeant au sein du conseil d’administration d’Insan, joue un rôle encore plus important à travers CLAIM, dont elle est la coordinatrice et la gestionnaire.

Les Frères utilisent CLAIM pour attaquer leurs critiques, diaboliser leurs positions et faire pression sur le gouvernement allemand afin d’atteindre leurs objectifs, en invoquant des plaintes de discrimination et d’agressions racistes.

L’enquête sur les liens entre CLAIM et les Frères a également conduit à trois interpellations déposées au Parlement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie entre mi-juillet 2020 et mi-février 2021.

Ces interpellations cherchaient à fouiller la relation entre CLAIM et les Frères et la manière dont l’alliance est gérée, tout en exerçant une pression sur le gouvernement du Land pour obtenir des réponses claires.

Dans sa réponse, le 18 février 2021, le gouvernement régional a indiqué que trois organisations membres de CLAIM avaient des liens avec les Frères, sans toutefois les nommer.

Outre Insan, le gouvernement faisait également référence à l’Organisation de la jeunesse musulmane en Allemagne, considérée comme l’une des structures liées aux Frères et active au sein de CLAIM.

Une étude précédente du Centre fédéral d’éducation politique (organisme public) en Allemagne a indiqué que cette organisation de jeunesse fait partie du réseau des Frères et de « FEMYSO », l’organisation faîtière des associations de jeunesse des Frères en Europe.

La troisième organisation liée aux Frères au sein de CLAIM est le Centre islamique pour les filles, les femmes et la famille, connu sous le nom abrégé de « Rahma ».

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