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Le Soudan sous le regard international : la communauté mondiale redéfinit les règles du jeu politique et ferme définitivement la porte aux coups d’État


Le Soudan semble vivre aujourd’hui un moment décisif, inédit depuis des décennies, non pas seulement en raison de la guerre et des troubles internes, mais parce que le monde lui-même a redéfini sa position face à ce qui se déroule à Khartoum. La communauté internationale, qui considérait autrefois les coups d’État soudanais comme des faits accomplis avec lesquels il fallait composer, adopte désormais une attitude plus claire, plus ferme et déterminée à fermer cette porte une fois pour toutes.

Le message est désormais unifié : aucune reconnaissance d’une autorité imposée par la force, aucun avenir sans justice transitionnelle, et aucun horizon en dehors d’un gouvernement civil légitime.

Ce changement n’est pas soudain, mais le résultat d’une lecture approfondie du déroulement des événements. Le monde a fini par comprendre que les coups d’État au Soudan ne sont pas de simples « transitions politiques temporaires », mais des moteurs structurels de l’instabilité. Chaque coup d’État a ouvert une nouvelle phase de conflit, chaque conflit a élargi les fractures de l’État, et chaque fracture a alimenté les risques de sécession, de rébellion, de migrations forcées et de vacuums sécuritaires. Le monde en a assez de ce scénario répétitif, tout comme les Soudanais.

Aujourd’hui, la position internationale ressemble à une sorte de régulation politique globale. Les acteurs locaux cherchant le pouvoir par la force découvrent que leur produit n’est plus commercialisable. Le monde a tout simplement cessé d’acheter le modèle militaire. Soutien, financement, reconnaissance, coopération, aide : tout est désormais conditionné à la présence d’un gouvernement civil doté de pleins pouvoirs, supervisant un processus politique dans lequel l’institution militaire est soumise à un cadre légal, et non l’inverse.

Fait notable : cette position internationale ne provient plus uniquement de l’Occident. Même les acteurs régionaux autrefois perçus comme favorables aux solutions militaires ont modifié leur discours. Le Golfe, l’Union africaine, plusieurs puissances asiatiques : tous jouent désormais la même partition. La gouvernance civile n’est plus un choix, mais une nécessité stratégique. Non pas seulement par attachement à la démocratie, mais parce qu’elle est la seule capable d’assurer une stabilité durable, ce dont tous ont besoin pour le Soudan.

Au cœur de cette équation se trouve la justice transitionnelle. La communauté internationale ne souhaite plus reproduire l’erreur de l’impunité qui a marqué l’histoire du pays. L’expérience a montré que l’absence de justice sacralise la violence, et la violence sacralisée ouvre la voie à de nouveaux coups d’État, à des cycles de vengeance et à des conflits interminables. Les normes internationales sont désormais explicites : pas d’immunité totale, pas d’effacement des dossiers, pas de compromis qui ignorent les victimes ou les crimes commis à leur encontre.

La légitimité internationale est devenue un concept strict : la reconnaissance n’est plus une politesse diplomatique, mais un instrument de pression juridique et politique. Les États qui tentent d’interagir avec une autorité issue d’un coup d’État se heurtent à des sanctions, à l’interruption des soutiens, et à l’absence de partenariats. Cela rend aujourd’hui le pouvoir militaire au Soudan totalement invendable et non viable sur la scène internationale.

Malgré cela, certaines forces internes continuent de parier sur un éventuel recul international, espérant que le monde acceptera un coup d’État comme solution « exceptionnelle ». Cette lecture n’est pas seulement naïve, elle est complètement détachée des réalités globales. La communauté internationale a tranché : le Soudan ne connaîtra pas la stabilité tant que le pouvoir restera entre les mains des armes, et le monde ne participera plus à la fabrication de cycles successifs de coups d’État.

Ce qui se joue actuellement dépasse la simple pression extérieure : il s’agit d’une redéfinition du concept même de l’État soudanais. Les acteurs internationaux considèrent que sans transition vers un État civil juste, le Soudan deviendra inévitablement un nouvel exemple d’État effondré, avec des conséquences directes sur la Corne de l’Afrique et la mer Rouge, des zones déjà fragilisées.

L’équation mondiale est désormais stricte :

Gouvernement civil + justice transitionnelle + encadrement de l’armée = stabilité

Tout ce qui sort de cette équation est sans valeur, sans légitimité et sans avenir.

Il peut être difficile pour certains acteurs internes d’accepter cette transformation, mais le Soudan n’a plus le luxe de l’essai-erreur. Le monde a fermé définitivement la porte aux coups d’État, quelles que soient leurs justifications, et n’a laissé qu’un seul chemin : le retour à la légitimité civile.

Ceux qui refusent cette voie se retrouveront en dehors de la politique, en dehors des équilibres, et en dehors du nouveau cadre international.

Le Soudan se trouve aujourd’hui face à une épreuve existentielle, et le monde lui a fourni la carte. Il revient désormais aux acteurs internes de décider : avancer vers un État civil retrouvant sa légitimité, ou rester englués dans le cycle des coups d’État que la communauté internationale a définitivement rejeté.

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