Politique

Le Soudan entre les flammes de la guerre et la carte de l’influence : Un combat pour le territoire ou pour la survie ?


Entre les contrôles ici et les extensions là-bas, le Soudan se balance entre les flammes de la guerre et la carte de l’influence, avec des évolutions qui suscitent des questions sur le destin du conflit.

Alors que la prise de Khartoum représente un « point de bascule » dans le conflit, avec l’infiltration des forces de « Soutien Rapide » dans d’autres régions du Soudan et la tentative des deux parties de former un gouvernement, des analystes de CNN mettent en garde contre la faible probabilité d’une résolution rapide de la guerre.

Depuis avril 2023, Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées soudanaises, et son ancien allié Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti), chef des Forces de Soutien Rapide, sont en guerre, un conflit qui a, à ce jour, fait plus de 28 000 morts et déplacé 11 millions de personnes, dans ce que l’ONU décrit comme « l’une des crises humanitaires et des déplacements les plus graves au monde ».

L’armée prétend contrôler de vastes zones du Soudan, mais les forces de « Soutien Rapide » contrôlent la majeure partie du Darfour, une région presque équivalente en taille à la France, et maintiennent une présence dans les états de Kordofan de l’Ouest et du Nord, selon une carte publiée par l’armée.

Où sera la prochaine bataille ?

Dans une interview avec CNN, l’activiste et chercheuse soudanaise pro-démocratie, Hala Al-Karb, estime que « la bataille pour le contrôle du territoire pourrait se déplacer vers le Darfour, où les forces de Soutien Rapide sont plus concentrées ».

Elle précise que « le Darfour est le bastion des forces de Soutien Rapide, c’est pourquoi elles continuent à y combattre ».

L’armée et le massacre de Tora

Lundi, de nombreuses personnes ont été brûlées à un point tel qu’il était difficile de les identifier, lorsqu’une pluie de bombes a frappé un marché bondé dans le village de Tora, au Darfour, selon plusieurs rapports locaux, alors que l’armée soudanaise attaquait les positions des Forces de Soutien Rapide.

Les Forces de Soutien Rapide ont publié sur Telegram des images de corps calcinés, accusant l’armée soudanaise d’avoir mené une série de frappes aériennes ciblant le marché et les maisons voisines, faisant plus de 400 morts.

Volker Turk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a exprimé sa « stupéfaction » face à ces rapports, précisant que 13 des victimes appartenaient à la même famille. Il a ajouté que « les civils restent des cibles très fréquentes ».

Réorganisation ou scission ?

L’analyste politique Khaloud Khair estime que la prise de Khartoum par l’armée « pourrait aggraver la division du Soudan ou rendre les Forces de Soutien Rapide plus enclines à engager des négociations ».

Les négociations précédentes, facilitée par les États-Unis, l’Arabie Saoudite et l’Union africaine, ont atteint un point mort.

Khair a déclaré à CNN que faire revenir les forces armées soudanaises et les Forces de Soutien Rapide à la table des négociations ne sera pas une tâche facile. Elle a ajouté que « cette guerre a ajouté une dimension ethnique très laide aux conflits politiques et économiques, et il sera difficile de la résoudre même avec un accord national ».

Le gouvernement parallèle

En février, les Forces de Soutien Rapide ont pris une initiative audacieuse en formant un gouvernement parallèle dans les zones sous leur contrôle, signant un pacte avec des groupes politiques et armés cherchant à « établir un État laïque et démocratique basé sur la liberté, l’égalité et la justice ».

Selon Khair, l’État proposé par les Forces de Soutien Rapide représente une « quête de légitimité », et ces forces pourraient désormais « chercher à contrôler Al-Fasher » – la dernière grande ville du Darfour qui n’est pas encore sous leur contrôle.

Al-Karb estime que la tentative des Forces de Soutien Rapide de créer un gouvernement parallèle est « un moyen de pression sur l’armée pour la forcer à s’engager et à les légitimer comme une force politique dans le cadre de toute négociation politique ».

À ce jour, les chances de négociations aboutissant à la formation d’un gouvernement d’unité entre l’armée et les Forces de Soutien Rapide semblent minces, selon l’analyse de CNN.

Mouvement pour la scission ou consolidation de l’État ? Selon le défenseur des droits humains soudanais, Mutassim Ali, « la division du Soudan reste un objectif difficile à atteindre ».

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