Politique

Le Sahel africain : le foyer de violence le plus meurtrier du continent pour la quatrième année consécutive


Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, dans un rapport intitulé « Les groupes islamistes armés en Afrique maintiennent un niveau élevé de tueries », a souligné que la région du Sahel reste la plus meurtrière du continent pour la quatrième année consécutive.

Le rapport indique que les estimations font état de plus de 10 000 morts liées à la violence dans la région du Sahel au cours de l’année écoulée, représentant 55 % du total des décès sur le continent.

Il précise également que la région du Sahel enregistre le plus fort taux de violence dirigée contre les civils — un indicateur du ciblage direct des populations civiles par les groupes armés extrémistes. La région concentre 67 % (1 840) de ces décès civils en Afrique, suivie par le bassin du lac Tchad qui représente 24 % (670) des morts parmi les civils.

Trois zones concentrent à elles seules 97 % des décès signalés liés aux groupes armés sur le continent : le Sahel (55 %), la Somalie (24 %) et le bassin du lac Tchad (19 %). Le Mozambique et l’Afrique du Nord ont également connu une augmentation des activités violentes et des décès signalés, après des baisses constantes les années précédentes. Toutefois, ces deux régions ne représentent que 2 % des décès liés aux violences.

Concernant les groupes armés les plus actifs, le rapport note que 75 % des actes violents et des décès associés aux groupes extrémistes dans le Sahel en 2024 ont été attribués à la coalition Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), en particulier au Front de libération de Macina et au groupe Ansar al-Islam. Par ailleurs, l’État islamique dans le Grand Sahara (connu aussi sous le nom de Province de l’État islamique au Sahel) est lié à environ 15 % des événements violents et des décès dans la région.

Le rapport souligne que l’État islamique dans le Grand Sahara reste le plus actif au Niger, où il est responsable de 76 % de tous les actes de violence contre les civils. Depuis 2019, le Burkina Faso est devenu l’épicentre de la violence djihadiste dans la région du Sahel, représentant 61 % des décès liés aux groupes islamistes (6 389 morts) en 2024. À titre de comparaison, le Mali a enregistré 2 443 morts, soit 23 % des décès, ce qui met en lumière l’expansion rapide de l’insurrection burkinabè à partir du Mali.

Les meilleures estimations indiquent qu’il y a désormais plus de quatre millions de déplacés internes provenant du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Rien qu’au Burkina Faso, environ trois millions de citoyens — soit 10 % de la population — ont été déplacés de force.

Le rapport précise que la violence des groupes armés se distingue de celle des groupes criminels organisés (les bandits) qui prolifèrent dans le nord-ouest du Nigeria. On estime que ces groupes criminels ont été responsables de 1 380 incidents violents et de 3 980 décès en 2024, un chiffre comparable aux 1 392 incidents et 3 627 morts liés aux groupes extrémistes durant la même période au Nigeria.

Par ailleurs, le rapport confirme une baisse des actes violents perpétrés par des groupes extrémistes en Afrique du Nord, avec seulement 10 incidents et 17 décès recensés en 2024.

À noter que le Centre d’études stratégiques de l’Afrique est un institut académique rattaché au département américain de la Défense, créé et financé par le Congrès pour étudier les questions de sécurité liées à l’Afrique. Il sert de forum pour la recherche bilatérale et multilatérale, les échanges, la formation et le partage d’idées.

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