Le rôle des milices islamistes dans le conflit soudanais inquiète les États arabes hostiles aux Frères musulmans

L’expansion des capacités militaires des milices islamistes impliquées dans le conflit soudanais suscite une vive inquiétude parmi les pays arabes opposés aux Frères musulmans, désignés comme organisation terroriste par plusieurs d’entre eux, selon un rapport publié par l’agence italienne Nova.
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Depuis le déclenchement de la guerre civile en avril 2023, l’armée régulière soudanaise a appelé la population civile à participer à la lutte armée contre les Forces de soutien rapide (RSF). Dans ce contexte, douze bataillons, désignés sous le nom de « Bataillons de la résistance populaire », ont été créés à travers le pays.
Le plus notable d’entre eux est le 4e bataillon, connu sous le nom de Bataillon Al-Baraa ibn Malik. Ses tactiques de combat, sa structure et son nombre de combattants suscitent de sérieuses préoccupations quant à la stabilité régionale, selon des sources soudanaises et arabes citées par Nova.
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Le politologue soudanais Mohamed Al-Asbat a expliqué à Nova que ce bataillon est composé de membres de milices islamistes radicales, dont certains issus de l’ancien régime du président Omar el-Béchir, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1989 et renversé en 2019. Le bataillon comprend notamment de jeunes militants affiliés à la mouvance islamique proche des Frères musulmans. Il est dirigé par Al-Misbah Abu Zayd Talha, un ancien commerçant d’articles ménagers à Khartoum avant la guerre civile, selon Raseef22.
Les estimations évoquent jusqu’à 50 000 combattants répartis dans plusieurs régions du Soudan. Le groupe chercherait à se transformer officiellement en un corps d’armée structuré.
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Selon Nova, le bataillon reçoit un soutien logistique et technique de la Turquie — qui protège et finance ouvertement les Frères musulmans — ainsi que de l’Iran, tous deux connus pour leur appui à des mouvements islamistes dans la région, tels que le Hamas dans la bande de Gaza.
D’après le journal soudanais Al-Rakoba, les membres du bataillon bénéficient d’entraînements dispensés par les Gardiens de la révolution iranienne, notamment sur l’utilisation de drones militaires. L’ONG Emergency Lawyers Organization (ELO) les accuse d’avoir mené des frappes aériennes indiscriminées dans la région du Darfour.
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Jassim Mohamed, directeur du Centre européen d’études sur le terrorisme et le renseignement basé en Allemagne, a déclaré à Nova que le soutien présumé turco-iranien à ces milices s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes dans la région de la mer Rouge. Il ajoute que, bien que la portée géographique limite actuellement toute menace directe sur l’Europe, la situation au Soudan représente un danger sérieux pour la sécurité maritime et les intérêts européens dans la zone.
Selon une étude publiée par le Centre européen, une entreprise turque serait impliquée dans le trafic d’armes au profit du Bataillon Al-Baraa ibn Malik.
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La presse soudanaise affirme que ce bataillon joue un rôle de premier plan dans les attaques contre les Forces de soutien rapide et serait responsable de violations graves des droits humains : détentions arbitraires, actes de torture, et exécutions extrajudiciaires.
Mohamed Al-Asbat souligne par ailleurs que ses membres sont « parmi les plus fervents partisans des idées jihadistes », entretenant des liens étroits avec d’autres groupes extrémistes actifs dans la région. Leur influence croissante au sein des Bataillons de la résistance populaire s’expliquerait par leurs racines militaires issues de l’ancien régime islamiste.
Les pays arabes les plus préoccupés par ces évolutions — notamment le Bahreïn, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis — suivent de près l’évolution des mouvements islamistes armés affiliés ou liés idéologiquement aux Frères musulmans.