Exclusif

Le rôle de la Turquie en Iraq… Violations, agressions et appels à la dissuasion


Bagdad n’a pas été en mesure de dissuader l’ingérence turque, et certains analystes estiment que les désaccords politiques entre les forces irakiennes ont freiné cette démarche

Au moment où le Parlement turc a voté la décision de prolonger le maintien de ses troupes en Iraq et en Syrie, ses soldats avaient détenu des familles et incendié des maisons de villageois dans la province de Dahuk, dans la province du Kurdistan au Nord de l’Iraq.

En violation flagrante des résolutions de l’ONU et au mépris de ces résolutions, le parlement turc a voté mercredi pour prolonger le maintien de ses troupes en Irak et en Syrie jusqu’en octobre 2021.

Le même jour, des sources bien informées et des témoins oculaires ont rapporté qu’une force turque d’environ 100 soldats avait incendié trois maisons dans le village de Cheiden, dans la province de Dohuk, et saisi un entrepôt de denrées alimentaires appartenant aux militants du Parti des travailleurs du Kurdistan.

Selon les mêmes sources, des dizaines de soldats turcs ont pénétré dans le village de Resi, au Nord de la localité de Bativa, dans la préfecture de Zakho, et détenu plusieurs habitants pendant plusieurs heures.

Ils ont également détenu plusieurs habitants du village pendant plusieurs heures avant de les autoriser à rentrer chez eux après avoir été interrogés, selon les mêmes sources.

Atteinte à la souveraineté

La Turquie poursuit son incursion dans l’Iraq et ses attaques militaires sous prétexte de poursuivre les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan, tuant des dizaines de civils dans les villages frontaliers des provinces du Kurdistan.

Les quartiers généraux du parti sont répartis dans plusieurs secteurs sur la bande frontalière entre l’Iraq et la Turquie, de la ville de Zakho à la région d’al Zab dans le district d’Amadiya, au Nord de Dohuk, jusqu’au nord d’Erbil dans les districts de Bradost et de Khawakurk, et au Djebel Qandil, situé entre les gouvernorats d’Erbil et de Souleimaniye.

Auparavant, le gouvernement central de Bagdad avait adressé deux notes à son ambassadeur à Ankara pour protester contre les opérations militaires dans le nord de l’Irak, menaçant ainsi l’internationalisation de la question et l’accès au Conseil de sécurité de l’ONU.

Malgré les démarches diplomatiques des autorités irakiennes et le mécontentement populaire face à l’intervention turque en Irak, Ankara continue à violer la souveraineté du pays voisin.

Souffrance et Exode

Mohamed Hassan, le maire de Qandil, région montagneuse du Nord de l’Irak, a déclaré que de nombreux habitants des villages frontaliers avaient quitté leurs maisons depuis l’escalade des opérations militaires turques à l’intérieur du territoire irakien, à la suite de l’annonce de l’opération ‘’Griffe-Aigle et Tigre’’ en juin dernier.

Hassan, a indiqué qu’à la suite du deuxième mémorandum de protestation de Bagdad, la Turquie avait intensifié l’utilisation d’avions de ligne pour suivre les militants des travailleurs kurdes, dans le cadre d’opérations dont les victimes étaient souvent des civils dans des villages agricoles.

Le 11 août dernier, deux officiers ont été tués et trois autres ont été blessés par des agents de sécurité de la frontière lors d’une frappe contre un véhicule appartenant à ces derniers, dans une marche turque à Sidekan, au Nord d’Erbil.

En réponse, les autorités iraquiennes ont annulé une visite du Ministre turc de la défense et convoqué son ambassadeur à Bagdad pour la troisième fois.

Les réactions populaires et politiques se sont poursuivies aux niveaux national, régional et international au sujet de ces attaques, tandis que des manifestants en colère ont entouré le bâtiment de l’ambassade de Turquie à Bagdad et exigé la rupture des relations diplomatiques et économiques avec Ankara.

La nécessaire dissuasion

Bagdad n’a pas encore réussi à dissuader l’intervention turque, et certains acteurs estiment que les désaccords politiques entre les forces irakiennes ont empêché l’unification des efforts et une position commune vis-à-vis d’Ankara.

Sabah Zankana, Président du Centre de l’Union des experts stratégiques en Irak, a suggéré que «les différends internes de la question politique irakienne et la complexité des événements dans la région sont ce qui poussent le gouvernement à fermer les yeux ou à ne pas prendre de mesures dissuasives à l’encontre des pieuvres turques, parce que Bagdad ne veut pas ouvrir un autre front dans le contexte de crise dans le pays ».

Zankana a déclaré que « l’incursion turque en Iraq à une profondeur de 150 km et le déploiement des forces d’Ankara à Bachiqa et dans le Nord de l’Iraq requièrent une position ferme de la part de Bagdad (…) ».

Pour sa part, l’analyste politique iraquien Wathiq El-Jabri affirme avec conviction que les violations d’Ankara renforcent son mépris pour la voix mondiale, la liberté des peuples et le respect de la souveraineté des États.

Al-Jabri a souligné que le Gouvernement de Bagdad devait prendre des mesures à la hauteur de l’ampleur de l’agression turque contre l’Iraq et se diriger immédiatement vers le Conseil de sécurité.

Malgré tout, « le président turc Recep Tayyip Erdoğan, est un homme qui pense à la manière d’Hitler, Staline et les grands assassins du monde ».

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page