Le recul de la présence française en Afrique avec la fin de la coopération en matière de défense au Sénégal et au Tchad
Le président sénégalais souhaite entretenir de bonnes relations avec la France, mais sans bases militaires sur son territoire, à l’instar d’autres pays comme la Chine, la Turquie, les États-Unis et l’Arabie saoudite.
La présence française en Afrique continue de reculer avec de nouvelles mesures prises au Sénégal et au Tchad. Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé que la France devra fermer ses bases militaires au Sénégal, arguant que leur présence est incompatible avec la souveraineté de son pays. Parallèlement, le gouvernement tchadien a annoncé la fin de son accord de coopération en matière de défense avec la France, ce qui obligera les forces françaises à quitter le pays.
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Jeudi, lors d’une interview accordée à l’Agence France-Presse depuis le palais présidentiel, Faye a déclaré : « Le Sénégal est un État indépendant. Un État souverain, et la souveraineté est incompatible avec la présence de bases militaires (étrangères) dans un État souverain. »
Faye, qui a pris ses fonctions en avril après avoir remporté les élections sur un programme axé sur la souveraineté et la réduction de la dépendance extérieure, a affirmé que ce refus de la présence militaire française ne signifie pas une rupture entre Dakar et Paris.
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Il a également révélé avoir reçu une lettre du président français Emmanuel Macron reconnaissant la responsabilité de la France dans le massacre de Thiaroye, survenu près de Dakar le 1er décembre 1944. Selon Faye : « J’ai reçu (jeudi) une lettre du président Emmanuel Macron dans laquelle il reconnaît, de manière très claire et sans ambiguïté, qu’il s’agissait d’un massacre. » Il a salué cette reconnaissance comme « une avancée majeure » de la part de Macron.
Le président sénégalais a aussi exprimé son intention de diversifier les partenariats de son pays, soulignant l’importance de développer des relations avec un maximum de nations. « La France reste un partenaire important pour le Sénégal en termes d’investissements et de présence de sociétés françaises et de citoyens français. Cependant, 64 ans après notre indépendance, il est temps de repenser cette relation en établissant un partenariat dépourvu de présence militaire. »
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Faye a ajouté que le Sénégal entretient de solides relations avec des pays comme la Chine, la Turquie, les États-Unis et l’Arabie saoudite, sans qu’aucun d’eux ne dispose de bases militaires sur son sol. Il a insisté sur la nécessité de moderniser la doctrine de coopération militaire : « Cela signifie clairement qu’il n’y aura pas de bases militaires au Sénégal pour aucun pays. »
Au Tchad, une décision similaire a été prise. Le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderrahman Koulamallah, a annoncé l’annulation des accords de coopération sécuritaire et de défense avec la France, quelques heures après la visite de son homologue français, Jean-Noël Barrot, à N’Djamena.
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Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, Koulamallah a déclaré : « Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision d’annuler l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française. »
Il a ajouté que cette décision vise à garantir une souveraineté totale après 66 ans d’indépendance et permettra au Tchad de réévaluer ses partenariats stratégiques. Tout en soulignant que cette décision n’altère pas les relations bilatérales avec la France, il a précisé que « le Tchad respectera les conditions de résiliation, y compris les délais nécessaires, et coopérera avec les autorités françaises pour assurer une transition en douceur. »
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Actuellement, la France maintient environ 1 000 militaires au Tchad. Cette décision s’inscrit dans un contexte où le pays renforce ses relations avec la Russie, reflétant un basculement dans la dynamique des alliances en Afrique.