Politique

Le prolongement devient obligatoire : la crise du recrutement restreint les options de l’armée israélienne


Face à une crise croissante de recrutement, l’armée israélienne envisage d’élargir la prolongation du service militaire obligatoire à de nouvelles unités combattantes.

Cette mesure intervient alors que l’institution militaire est confrontée à une hémorragie humaine sans précédent depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, dans un climat de vives critiques publiques et de colère des familles de soldats.

Épuisement sur le terrain

Selon un rapport de la chaîne israélienne Channel 12, publié vendredi soir, « l’armée israélienne envisage d’ajouter une année de service obligatoire pour d’autres unités de combat », après avoir déjà étendu cette mesure à toutes les compagnies de reconnaissance des brigades d’infanterie.

Cette démarche s’inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par une tentative controversée de la Knesset visant à exempter des dizaines de milliers d’étudiants ultra-orthodoxes (Haredim) du service militaire.

Le rapport souligne l’inquiétude grandissante au sein de l’armée face à un effondrement du dispositif de ressources humaines : les soldats de carrière démissionnent en nombre croissant, et le nombre de volontaires pour poursuivre le service diminue. Cela a poussé le commandement militaire à demander aux adjudants-chefs et à leurs adjoints dans les brigades d’infanterie de rester en service et de retarder leur libération.

Des milliers de soldats devraient ainsi recevoir bientôt des notifications officielles prolongeant leur service d’un an supplémentaire.

Témoignages du front

Sur le terrain, les officiers de la brigade Nahal ont fait part à leur commandement de scènes d’épuisement extrême. L’un d’eux a confié : « Les soldats se battent littéralement pour chaque place dans le véhicule blindé ».
Cette tension physique et mentale illustre l’usure profonde qui affecte les troupes après près de deux années de combats ininterrompus.

Dans une lettre de protestation adressée au directeur des ressources humaines de l’armée, les familles de plusieurs soldats ont écrit : « Vous avez pris nos fils pour des dupes, les accablant de charges sans fin. » Elles dénoncent des expériences traumatisantes qui marqueront leurs enfants à vie, sans aucune perspective claire de fin du conflit.

Les unités d’élite en première ligne

Bien que l’armée nie toute décision définitive, le prolongement de service est déjà en vigueur dans certaines unités d’élite, notamment la unité Yahalom, spécialisée dans le génie de combat. Cette mesure pourrait être rapidement étendue aux unités Maglan, Duvdevan, Egoz, ainsi qu’aux batteries d’artillerie.

Le plan prévoit de faire passer la durée du service obligatoire de 32 à 44 mois, soit d’environ 3 ans à près de 4 ans, ce qui constitue un bouleversement majeur dans le système israélien du service militaire, longtemps sujet à controverse, surtout en comparaison avec les exemptions dont bénéficient les Haredim.

Gaza épuise l’armée… et alimente les appels à un cessez-le-feu

Cet épuisement humain et logistique ne relève plus de la simple gestion administrative, mais pousse désormais l’état-major militaire à réévaluer la viabilité de la guerre à Gaza. Alors que les négociations stagnent et que les opérations continuent sans résultat décisif, des voix s’élèvent au sein de l’armée pour appeler à un arrêt du conflit afin de préserver l’équilibre opérationnel.

Des sources militaires avertissent que cette crise risque de compromettre l’efficacité à long terme de Tsahal, dont les effectifs — réguliers et réservistes — sont en déclin, alors que les besoins opérationnels ne cessent d’augmenter, tant à Gaza qu’au nord du pays, dans un contexte régional hautement instable.

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