Iran

Le programme nucléaire iranien dépasse le seuil du règlement militaire : de l’uranium à un niveau dangereux


Un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), consulté par l’Associated Press, a replacé le dossier nucléaire iranien au premier plan de l’agenda international.

Cette révélation intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Téhéran, Tel-Aviv et Washington, après plus de deux mois de frappes menées par Israël et les États-Unis contre les installations nucléaires iraniennes.

Le rapport indique que l’Iran a accru son stock d’uranium enrichi à un niveau se rapprochant dangereusement du seuil nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires. Cette évolution accroît la gravité de la crise actuelle et soulève des questions fondamentales quant à l’orientation de la confrontation à venir.

Chiffres préoccupants
Selon le document, au 13 juin, soit à la veille de l’attaque israélienne contre l’Iran, Téhéran disposait de 440,9 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 %, soit une augmentation de 32,3 kilogrammes par rapport au mois de mai. D’après les normes internationales, la barre des 90 % est définie comme le seuil de fabrication d’armes.

Il suffirait d’environ 42 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 % pour produire une bombe nucléaire, si ce matériau était encore davantage enrichi.

Au-delà des chiffres, l’inquiétude tient surtout à l’absence d’inspections de terrain depuis les frappes israéliennes. L’AIEA a confirmé que le retrait de ses inspecteurs était une mesure « nécessaire » pour des raisons de sécurité, tout en qualifiant de « très regrettable » la décision iranienne de suspendre toute coopération.

Washington entre inquiétude et riposte militaire
Les États-Unis, qui considèrent toute avancée iranienne vers l’arme nucléaire comme une ligne rouge, ont exprimé leurs préoccupations. Bien que le département d’État se soit abstenu de tout commentaire officiel, son porte-parole a souligné que Washington resterait « vigilante face à toute tentative iranienne de reconstruire ses capacités », et qu’elle était prête à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour empêcher Téhéran d’accéder à l’arme nucléaire.

En juin, l’armée américaine a mené des frappes contre trois sites en Iran. Le président Donald Trump a décrit l’opération comme ayant provoqué une « destruction massive de toutes les installations nucléaires », ajoutant que le terme « annihilation » reflétait mieux l’ampleur des frappes.

Cependant, une évaluation initiale de la Defense Intelligence Agency a présenté une lecture plus nuancée : les frappes n’ont retardé le programme nucléaire iranien que de quelques mois. Cette divergence a provoqué des tensions internes, culminant avec la révocation par le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, du directeur de l’agence, le général Jeffrey Kruse.

Israël : la logique de la frappe préventive remise en question
Israël répète depuis des années qu’il ne permettra jamais à l’Iran d’acquérir la bombe, même en agissant seul. L’attaque du 13 juin illustre cette doctrine sécuritaire.

Toutefois, les données de l’AIEA montrent que Téhéran avait déjà atteint des niveaux dangereux d’enrichissement avant les frappes, ce qui soulève des doutes sur l’efficacité réelle de l’opération. L’expérience des campagnes passées montre en effet que les bombardements n’ont jamais empêché l’Iran de relancer ses activités nucléaires ni de perfectionner ses techniques.

De son côté, Téhéran insiste sur le caractère civil et médical de son programme nucléaire. Mais son choix de produire de l’uranium enrichi à 60 % – un niveau dépourvu de justification civile – et de restreindre l’accès aux inspecteurs alimente de profondes suspicions.

Vers une issue incertaine
Malgré l’escalade militaire et diplomatique, l’avenir du dossier nucléaire iranien reste ouvert. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a exhorté à trouver « sans délai » un accord technique permettant de rétablir pleinement les inspections. Mais la réaction de Téhéran dépendra des rapports de force et des pressions internationales.

Selon l’Associated Press, ce dernier rapport démontre que les frappes militaires ne suffisent pas à elles seules à stopper la progression nucléaire de l’Iran. Une solution durable ne peut émerger que d’une approche politique et diplomatique allant au-delà de la logique de la force.

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