Moyen-Orient

Le président irakien propose la formation d’un gouvernement local à Kirkouk pour réduire les tensions

Abdel Latif Rachid appelle à la formation d'un gouvernement avec le soutien des composantes de Kirkouk et le soutien du gouvernement régional du Kurdistan


Le président irakien Abdel Latif Rachid a proposé une initiative pour mettre fin à la crise politique et aux troubles sécuritaires dans la province pétrolière de Kirkouk en formant un gouvernement local par consensus entre ses composantes. La question de Kirkouk est devenue une source de préoccupation tant pour le gouvernement central de Bagdad que pour le gouvernement régional du Kurdistan en Irak.

Le mois dernier, Kirkouk a été le théâtre de troubles sécuritaires après le retrait du gouvernement irakien du siège avancé du Commandement des opérations conjointes à Kirkouk, qu’il a remis au Parti démocratique du Kurdistan dirigé par Massoud Barzani pour en faire son siège.

Les troubles ont fait quatre morts et une quinzaine de blessés parmi les civils. Les rues du centre-ville ont été le théâtre de tirs et d’incendies de pneus et de véhicules, ce qui a poussé le gouvernement irakien à imposer un couvre-feu.

La Cour suprême fédérale est intervenue pour stopper la décision de remettre le siège au parti kurde.

Le président irakien, dans une interview à Al-Hadath Iraq, a réagi aux efforts visant à contenir la crise dans la province, située dans le nord de l’Irak, en déclarant que « le consensus entre les composantes de Kirkouk est nécessaire pour former un gouvernement local qui représente le peuple de Kirkouk. Le soutien du gouvernement fédéral et de la région du Kurdistan est essentiel à cette fin ».

Les ambitions régionales visant à dominer la province, notamment de la part de la Turquie, qui cherche à intervenir par le biais de la minorité turkmène, ont augmenté.

À l’issue d’une réunion qui a réuni les trois présidences et les dirigeants de la Coalition pour l’administration de l’État, le gouvernement irakien a pris une série de décisions pour contenir la crise à Kirkouk. Un comité exécutif a été formé à partir de la coalition pour visiter la province, rencontrer ses figures officielles et sociales, et trouver des solutions aux problèmes actuels, notamment la question du siège du Parti démocratique du Kurdistan et les ajustements administratifs visant à préserver l’équilibre entre toutes les composantes de la province.

Le président irakien a nié une détérioration des relations avec le gouvernement régional du Kurdistan, mais il a souligné des divergences concernant la question du pétrole et du gaz, déclarant que « la relation entre le gouvernement fédéral et la région du Kurdistan est bonne, et les problèmes actuels résultent du manque d’une loi détaillée sur le pétrole et le gaz ». Il a également noté que « son adoption est capable de résoudre tous les problèmes ».

La gestion de la richesse pétrolière est l’un des problèmes en suspens entre les deux parties. Le Parlement irakien examine actuellement la loi sur le pétrole et le gaz lors de la session en cours, dans le but de résoudre le différend constitutionnel entre Bagdad et le gouvernement régional du Kurdistan.

La loi sur le pétrole et le gaz en Irak, en attente de législation depuis 2005, stipule que la gestion de tous les champs pétroliers du pays doit être confiée à une société pétrolière nationale placée sous la responsabilité d’un conseil fédéral spécialisé.

Les désaccords persistent entre les deux parties, notamment en ce qui concerne les efforts de Bagdad pour augmenter la production et stimuler ses recettes financières afin de développer l’infrastructure pétrolière.

La région du Kurdistan, qui bénéficie de l’autonomie sur son pétrole depuis 2009, dispose de sa propre loi adoptée par le Parlement régional en 2007. Bagdad la considère comme en violation de la Constitution fédérale.

La capitale de la région, Erbil, exporte le pétrole par un pipeline vers la région de Fish Khabur, à la frontière nord de l’Irak, d’où il est pompé vers le port turc de Jihan, sur la côte méditerranéenne.

Le 15 février 2022, la Cour suprême fédérale a rendu un jugement déclarant l’inconstitutionnalité de la loi sur le pétrole et le gaz spécifique au gouvernement régional, et la décision a également invalidé les contrats pétroliers conclus par le gouvernement du Kurdistan avec des compagnies pétrolières étrangères et des parties étrangères.

Les ventes de pétrole dans la région du Kurdistan via le pipeline vers la Turquie ont connu une augmentation significative au cours des dernières années, atteignant une valeur totale d’environ 12,3 milliards de dollars en 2022.

Le gouvernement fédéral a eu recours à des procédures d’arbitrage avec la Turquie en 2014 devant la Chambre de commerce internationale de Paris, qui a rendu sa décision en faveur de Bagdad en 2022.

Le jugement a entraîné la suspension des exportations et a contraint le gouvernement du Kurdistan à négocier avec le gouvernement de Bagdad. L’arrêt de l’écoulement du pétrole a entraîné des pertes d’environ un milliard de dollars pour la région, qui exportait auparavant 475 000 barils par jour via le port turc de Jihan.

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