Le plan Trump et la réponse du Hamas : points de convergence et de divergence

La situation à Gaza entre dans une nouvelle phase avec l’entrée du plan du président américain Donald Trump dans le champ du débat politique et diplomatique. Entre guerre, épuisement et pressions internationales, les protagonistes semblent désormais contraints d’examiner les perspectives d’une issue négociée après un conflit d’une rare intensité.
Alors que Washington promeut une approche fondée sur le principe « sécurité contre reconstruction », le mouvement Hamas se trouve face à une équation complexe : participer aux arrangements post-guerre selon des conditions internationales ou risquer une marginalisation politique et militaire croissante.
Une réponse prudente du Hamas : entre ouverture et méfiance
En réaction au plan de Donald Trump sur l’avenir de la bande de Gaza et la fin des hostilités, le Hamas a annoncé accepter plusieurs points essentiels, tels que la cessation des combats, le retrait israélien, l’échange de prisonniers et d’otages, ainsi que le soutien à la reconstruction et le rejet catégorique de tout déplacement forcé des Palestiniens.
Cependant, le communiqué du mouvement met également en avant des réserves substantielles concernant la gouvernance de Gaza et le rôle futur du Hamas, illustrant une stratégie de prudence et d’évaluation progressive plutôt qu’un engagement définitif.
Les points d’accord : fin de la guerre, libération des prisonniers et aide humanitaire
Le Hamas a validé un cadre général de cessation de la guerre et de retrait total d’Israël de Gaza, sans accepter le calendrier par étapes évoqué par la Maison-Blanche.
Alors que le plan américain prévoit un retrait progressif des forces israéliennes après la libération des otages dans un délai de 72 heures, le Hamas insiste sur un arrêt immédiat et complet des opérations militaires.
Concernant le dossier des prisonniers, le mouvement s’est dit prêt à libérer tous les otages israéliens – vivants ou décédés – dans le cadre d’un échange équilibré, en contrepartie de la libération de détenus palestiniens.
Le plan Trump prévoit la libération de 250 prisonniers condamnés à perpétuité, 1 700 détenus de Gaza, ainsi qu’un échange de dépouilles au ratio de 15 contre 1.
Sur le plan humanitaire, le Hamas a salué le volet reconstruction du plan américain, qui prévoit une aide d’urgence acheminée via l’ONU, le Croissant-Rouge et des organisations internationales, la réhabilitation des infrastructures, hôpitaux et routes, et le redémarrage des services essentiels.
Le mouvement a également réaffirmé son refus catégorique de tout projet de déplacement des habitants de Gaza, une position en cohérence avec les garanties mentionnées dans le plan, selon lesquelles « personne ne sera forcé de quitter le territoire ».
Les points de désaccord : la gouvernance transitoire et le futur rôle du Hamas
L’un des différends majeurs concerne la gestion de Gaza après la guerre.
Le plan Trump préconise une administration transitoire technocratique placée sous supervision internationale, présidée par Trump lui-même et comprenant des personnalités comme Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique.
Le Hamas, de son côté, rejette toute tutelle étrangère directe, estimant que la gestion du territoire doit revenir à une autorité palestinienne indépendante, soutenue par un consensus national et un appui arabe et islamique.
Le mouvement n’a par ailleurs pas pris position sur la proposition de déployer une force internationale temporaire pour stabiliser la région – un élément central du plan américain que Washington dit vouloir coordonner avec des partenaires arabes.
Mais le point de friction le plus profond réside dans le rôle politique et militaire futur du Hamas.
Le plan américain exige que le mouvement renonce à toute activité armée et à tout rôle dans la gouvernance de Gaza, dans le cadre d’un processus global de désarmement du territoire.
Le Hamas répond que ces questions relèvent d’un cadre palestinien unifié, auquel il entend participer « avec responsabilité », sans toutefois accepter explicitement le désarmement ou son exclusion politique.
Ainsi, entre concessions tactiques et désaccords structurels, le Hamas semble chercher à gagner du temps tout en préservant son poids interne et sa légitimité régionale, tandis que Washington continue de tester les limites de la diplomatie coercitive au Proche-Orient.