Le plan d’occupation de Gaza prend une forme définitive malgré les pourparlers de trêve

Un rapport israélien révèle de vives divergences sur l’ampleur de la force nécessaire à l’exécution du plan : Eyal Zamir propose 220 000 soldats, contre 80 000 prévus par l’armée.
Le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, a présenté mardi les étapes du plan d’occupation de la ville de Gaza, illustrant la détermination de la direction israélienne à poursuivre ses objectifs militaires malgré la poursuite des négociations indirectes de cessez-le-feu entre Tel-Aviv et le Hamas.
Ce plan survient dans un contexte de profondes divisions au sein de l’appareil sécuritaire israélien quant aux effectifs requis pour son application.
Selon un rapport publié par le site d’information hébreu Walla, de fortes divergences existent entre le chef d’état-major et le cabinet ministériel. Zamir et le chef de la division des opérations, Itzik Cohen, estiment que l’occupation de Gaza nécessitera 220 000 soldats.
Ce chiffre, plus du double des 80 000 militaires que l’armée envisage de déployer, a suscité l’étonnement des membres du cabinet de sécurité politique.
Le rapport précise que l’armée prévoit de se limiter à 80 000 soldats pour encercler et occuper la ville, avec pour objectif de détruire les infrastructures essentielles du Hamas et ses derniers bastions de gouvernance.
Un haut responsable militaire, au fait des préparatifs, a qualifié ce plan de « très vaste, infligeant un lourd tribut au Hamas, mais comportant également de grands risques pour les forces israéliennes ».
Dimanche, Zamir a validé le plan d’occupation de Gaza, qui doit être approuvé ce mardi par le ministre israélien de la Défense, Yisrael Katz, selon la radio publique israélienne.
Le 8 août, le gouvernement israélien a adopté un plan proposé par le Premier ministre Benyamin Netanyahou pour réoccuper progressivement l’ensemble de la bande de Gaza, en commençant par la ville de Gaza.
La stratégie prévoit le déplacement forcé d’environ un million d’habitants vers le sud, puis l’encerclement de la ville et des incursions dans les zones résidentielles.
Le 11 août, dans le cadre de cette stratégie, l’armée israélienne a lancé une offensive massive sur le quartier de Zeitoun, au sud-est de Gaza. L’opération comprenait la destruction de maisons à l’aide de robots piégés, des bombardements d’artillerie, des tirs indiscriminés et des déplacements forcés, selon des témoins.
Walla indique que Zamir présentera ce mardi à Katz les étapes détaillées du plan, incluant « l’intégration de conclusions et l’ajout de principes fondamentaux afin de rendre l’occupation plus efficace ».
Il s’agit aussi de « renforcer la présence militaire israélienne dans le nord de Gaza, en vue de l’assaut sur la ville, dans le cadre d’une intensification de la pression militaire sur le Hamas et de la reconquête de zones sous son contrôle », précise le site.
Le rapport souligne que « la plupart des missions d’occupation de la ville de Gaza incomberont aux forces régulières ».
Il ajoute que l’armée se prépare à « contrôler Gaza tout en fournissant une aide humanitaire aux civils hors des zones de combat ». Une majorité écrasante de ministres estime que le plan alternatif soumis au conseil ne permettrait ni d’éliminer le Hamas ni de libérer les otages.
Ces préparatifs israéliens se poursuivent malgré les négociations indirectes de cessez-le-feu entre Tel-Aviv et le Hamas. Ce dernier a accepté une proposition de médiation égypto-qatarie prévoyant une suspension des opérations militaires de 60 jours.
Le Hamas a répété sa disposition à libérer tous les prisonniers israéliens « en une seule fois », en échange de l’arrêt de la guerre d’extermination, du retrait israélien de Gaza et de la libération de prisonniers palestiniens.
Netanyahou, poursuivi par la justice internationale, a jusque-là esquivé en posant de nouvelles conditions, dont le désarmement des factions palestiniennes, tout en maintenant son projet de réoccupation de Gaza.
Avec l’appui des États-Unis, Israël mène depuis le 7 octobre 2023 une guerre qualifiée d’« extermination » dans Gaza, marquée par des massacres, la famine, la destruction et des déplacements forcés, en dépit des appels internationaux et des ordres de la Cour internationale de justice d’y mettre fin.
Le bilan fait état de 62 004 morts, 156 230 blessés, dont une majorité d’enfants et de femmes, plus de 9 000 disparus, des centaines de milliers de déplacés, ainsi qu’une famine qui a causé la mort de 263 personnes, dont 112 enfants.