Le monde aiguise ses épées… 2025, l’année de la course aux armements, de la conscription et de la reconstruction des défenses
Dans une année où le monde devient de plus en plus tendu, tel un baril de poudre, les puissances établies comme émergentes s’orientent vers une militarisation sans précédent, qui dépasse le simple cadre des dépenses pour toucher à une nouvelle mentalité : celle de la mobilisation.
Les armes ne sont plus seulement un instrument politique, elles sont devenues un élément central de l’identité géopolitique de la nouvelle décennie. En Occident, les dynamiques sont tout aussi marquées : hausse des dépenses de défense jusqu’à 5 % du produit intérieur brut, vague de réarmement européen engloutissant des milliards, course aux industries de défense de Berlin à Ankara. Un climat mondial se dessine, dans lequel la « mobilisation » est présentée comme un outil politique autant que militaire.
Les dépenses de défense
Selon un nouveau rapport de l’Agence européenne de défense, l’Union européenne a dépensé collectivement 343 milliards d’euros (402 milliards de dollars) pour la défense l’an dernier, dépassant les prévisions et atteignant un niveau record.
L’agence prévoit que les dépenses de défense augmenteront encore en 2025 pour atteindre 381 milliards d’euros (446 milliards de dollars).
Cette hausse est principalement due à l’acquisition de nouveaux équipements, ainsi qu’à l’augmentation des financements consacrés à la recherche et au développement dans les 27 États membres de l’Union européenne. Ces deux facteurs sont regroupés sous l’appellation « investissements de défense », par opposition aux dépenses liées aux salaires des forces armées ou à l’entretien des infrastructures.
Kaja Kallas, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a déclaré : « L’Europe consacre des montants sans précédent à la défense pour assurer la sécurité de nos populations, et nous ne nous arrêterons pas là. La défense n’est plus un luxe, mais une nécessité fondamentale pour protéger nos citoyens. Cela doit être l’ère de la défense européenne. »
En novembre 2025, l’Europe a approuvé la plus forte augmentation du financement des programmes spatiaux depuis un demi-siècle, allouant 22,1 milliards d’euros aux
projets de lancement, aux satellites et à la recherche, dans une démarche visant à renforcer son autonomie sécuritaire vis-à-vis des États-Unis.
Plusieurs pays européens ont décidé d’augmenter de près de 30 % leurs budgets spatiaux au cours des trois prochaines années, pour atteindre 22,1 milliards d’euros, afin de rattraper les États-Unis, la Chine et les entreprises privées en pointe dans la course à l’espace.
L’Agence spatiale européenne avait demandé aux 23 États membres de fournir environ 22 milliards d’euros pour financer les lancements, les projets satellitaires et les programmes de recherche à venir, contre 16,9 milliards d’euros pour la période 2023-2025.
Cette décision intervient quelques mois après l’engagement pris par les pays de l’OTAN, en juin 2025, sous la pression du président Donald Trump et face à la menace russe, d’augmenter fortement leurs dépenses militaires pour atteindre 5 % de leur PIB d’ici 2035.
Les alliés souhaitent consacrer au moins 3,5 % du PIB aux dépenses militaires, ainsi que 1,5 % supplémentaire à la sécurité au sens large, notamment la protection des infrastructures critiques et la cybersécurité.
Cet objectif, qui sera atteint sur une période de dix ans, représente une augmentation substantielle par rapport au seuil actuel de 2 % du PIB et se traduira par des centaines de milliards de dollars de dépenses annuelles supplémentaires.
Danemark
En octobre 2025, le gouvernement danois a annoncé une augmentation de 3,2 milliards de livres sterling de son budget de défense pour l’achat d’avions F-35 supplémentaires, de drones et de navires, dans le cadre d’un plan de 20 milliards de livres sur dix ans.
Les dépenses de défense sont ainsi passées de 2 % du PIB en 2023 à 3 % cette année.
Allemagne
Le 28 novembre 2025, l’agence Bloomberg a indiqué que les législateurs allemands prévoyaient de voter un projet visant à renforcer les dépenses de défense, avec un soutien de 2,9 milliards d’euros couvrant 11 contrats d’achats militaires, incluant des drones, des fusils et des missiles, majoritairement produits par des entreprises nationales.
Le ministère allemand de la Défense a demandé l’approbation du Parlement pour ces acquisitions, notamment l’achat de jusqu’à 250 000 fusils d’assaut G95 fabriqués par Heckler & Koch pour un montant de 765 millions d’euros, selon des demandes d’achats qui devraient être approuvées lors d’une réunion à huis clos début décembre 2025.
La mobilisation obligatoire
Après avoir relevé leurs budgets de défense, plusieurs pays ont modifié leurs règles de conscription afin d’augmenter les effectifs de leurs armées.
Selon un rapport du journal britannique Express, plusieurs États de l’Union européenne ont ajusté leurs plans de service national, dans un contexte de menace croissante d’un nouveau conflit en Europe.
Dix pays européens appliquent actuellement le service militaire obligatoire : l’Autriche, l’Estonie, le Danemark, la Finlande, la Grèce, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, la Suède et la Suisse.
Le gouvernement norvégien a annoncé en avril 2025 son intention d’augmenter les effectifs de l’armée de 9 000 soldats actuellement à 13 500 d’ici 2036.
Danemark
La nouvelle loi sur la conscription est entrée en vigueur au Danemark en juillet dernier, étendant pour la première fois le service militaire obligatoire aux femmes.
Désormais, toutes les jeunes femmes de 18 ans sont soumises à la conscription et peuvent être appelées au service militaire, dont la durée a été portée de quatre à onze mois.
Cette extension vise à renforcer les forces de réserve danoises et à augmenter le nombre de conscrits de 4 000 à 7 500 par an, dans une série de mesures indiquant que le pays se prépare à un conflit.
France
Le débat sur le service militaire est revenu sur le devant de la scène en France, dans un contexte de défis géopolitiques majeurs, près de trente ans après la suspension du service obligatoire.
Ce débat coïncide avec l’annonce prochaine par le président Emmanuel Macron du lancement d’un nouveau service national militaire, qu’il a qualifié de « volontaire ».
Le président français a tenu à rassurer l’opinion publique en affirmant que ce projet ne signifiait pas « envoyer la jeunesse française combattre en Ukraine », mais visait à renforcer le lien entre l’armée et la nation, ainsi qu’à ancrer une culture de défense et de préparation nationale.
Il est attendu que le président Macron détaille ce projet lors d’un discours officiel sur un site militaire. Toutefois, la nature exacte de la décision reste incertaine, des consultations étant toujours en cours à l’Élysée concernant la forme de ce service, la nécessité d’un cadre juridique spécifique, le nombre de jeunes concernés et les conditions d’adhésion, selon le quotidien Le Parisien.
La concomitance de cette orientation avec des déclarations inquiétantes du chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, appelant le pays à se préparer à « faire des sacrifices », a suscité des interrogations quant au lien entre ce projet, le contexte géopolitique tendu et la guerre en Ukraine.
Le monde aiguise ses épées en 2025 – image générée par intelligence artificielle
L’Arménie, le retour du service obligatoire et la reconstruction des défenses, ainsi que les développements en Iran, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux États-Unis et en Turquie, illustrent une tendance mondiale vers la modernisation accélérée des armées, l’intégration de l’intelligence artificielle, des armes à énergie dirigée, des systèmes antimissiles avancés et une redéfinition profonde des doctrines de sécurité et de dissuasion.
