Le Maroc met fin à la vacance diplomatique en France après la crise
Rabat a nommé Samira Sitail ambassadrice du Royaume du Maroc à Paris quelques jours après que le roi Mohammed VI du Maroc ait accepté les lettres de créance de l’ambassadeur français
Le Maroc a mis fin à environ un an de vacance diplomatique en France aujourd’hui, jeudi, dans une démarche qui pourrait mettre fin à la crise silencieuse entre les deux pays. Paris a cherché à plusieurs reprises à réchauffer les relations avec le Maroc, qui est considéré comme un partenaire fiable pour l’Union européenne à divers niveaux, en s’appuyant sur une politique diplomatique que le roi Mohammed VI a établie, marquée par la diplomatie calme.
Le roi Mohammed VI a nommé Samira Sitaïl comme nouvelle ambassadrice du Royaume à Paris, selon un communiqué du palais royal. Ce poste était resté vacant pendant des mois au milieu d’une froideur diplomatique entre les deux pays.
Une déclaration à la suite d’une réunion du cabinet à Rabat a déclaré : « Sa Majesté le Roi, que Dieu le soutienne, a nommé Mme Samira Sitaïl comme son ambassadrice auprès de la République française ». Sitaïl est une ancienne journaliste qui a occupé le poste de directrice de l’information à la deuxième chaîne de télévision publique, « 2M », pendant plusieurs années et n’a pas occupé de fonctions diplomatiques auparavant.
Le Maroc avait mis fin à la mission de son ancien ambassadeur à Paris, Mohammed Benchaaboun, le 19 janvier. Le poste est resté vacant depuis lors dans le contexte d’un froid diplomatique entre les deux États.
Cette décision a coïncidé avec l’approbation par le Parlement européen le même jour d’une recommandation critiquant l’état de la liberté d’expression au Maroc. Cette étape a suscité une condamnation ferme à Rabat, qui a accusé Paris d’en être l’instigateur. Elle a également coïncidé avec le sentiment des Français d’un déclin de leur statut face au renforcement du partenariat maroco-américain, ainsi qu’au rôle croissant du Royaume en Afrique.
Le Maroc a réagi à ces allégations en les considérant comme une ingérence dans ses affaires souveraines, d’autant plus qu’elles concernent des décisions judiciaires, ce qui constitue une atteinte à la justice marocaine et à son indépendance.
Le Maroc et la France sont des alliés traditionnels, et ils ont d’importants intérêts économiques. Cependant, les relations diplomatiques entre les deux pays ont connu récemment des tensions.
Cette tension s’explique en particulier par les efforts du président français Emmanuel Macron pour se rapprocher de l’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat depuis 2021 en raison du conflit artificiel sur le Sahara marocain créé par le Front Polisario séparatiste, soutenu par l’Algérie.
L’hésitation de la France à déclarer une position claire et sans équivoque concernant la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara est l’une des raisons de la froideur diplomatique entre les deux pays, en particulier après que les États-Unis ont reconnu en 2020, et plus récemment, Israël a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Le Maroc fonde sa politique étrangère sur la base des positions des pays concernant le Sahara marocain. La proposition du Maroc d’un gouvernement autonome sous sa souveraineté est considérée comme la seule base réaliste et pratique pour résoudre le conflit artificiel créé au Sahara, avec un consensus international presque universel.
Les tensions ont refait surface à la suite du tremblement de terre qui a frappé la région d’Al-Houz au Maroc central le mois dernier, lorsque Rabat n’a pas accepté l’aide offerte par la France. La déclaration du président français Emmanuel Macron au peuple marocain a été perçue comme une violation flagrante des normes diplomatiques, suscitant une indignation généralisée parmi les Marocains qui ont critiqué ce qu’ils ont qualifié d’« attitude condescendante de la France ». »
