Politique

Le Liban démantèle un camp d’entraînement affilié au Hamas et à la Jamaa Islamiya


Les autorités libanaises intensifient leurs mesures sécuritaires pour contrôler les armes en dehors des institutions de l’État, dans une démarche visant à priver Israël des prétextes justifiant la poursuite de ses frappes sur le territoire libanais.

Ces dernières semaines, les autorités libanaises ont renforcé leurs actions pour maîtriser la prolifération des armes non étatiques, en particulier à la lumière des tensions croissantes à la frontière sud.

Dans ce contexte, une source judiciaire libanaise a révélé samedi que l’armée libanaise avait récemment démantelé un camp d’entraînement affilié au Hamas et à la Jamaa Islamiya dans la région d’Aley, à environ 20 kilomètres à l’ouest de Beyrouth. Selon la source citée par le journal Asharq Al-Awsat, le camp était entièrement équipé en matériel militaire et servait à former des combattants libanais et étrangers aux techniques de combat.

Plus de dix individus ont été arrêtés lors de l’opération, la majorité étant originaires de Beyrouth, avec la présence de ressortissants arabes, notamment jordaniens. La même source a précisé que certains des détenus appartiennent à des familles connues pour leurs antécédents djihadistes, certains de leurs proches ayant péri lors d’affrontements passés avec Israël – un élément qui renforce la gravité du dossier.

Les suspects seraient liés aux “Forces de l’Aube”, la branche armée de la Jamaa Islamiya au Liban, en plus d’éléments affiliés au Hamas. L’opération a été menée après un suivi minutieux par les services de renseignement, dans le cadre de mesures préventives visant à éviter une escalade militaire israélienne ou une détérioration sécuritaire interne.

Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie nationale visant à affirmer l’autorité exclusive de l’État sur les questions sécuritaires, notamment en ce qui concerne les armes détenues par les factions palestiniennes. Beyrouth entend ainsi rassurer la communauté internationale – et en particulier les Nations unies – sur son engagement à respecter le cessez-le-feu et à éviter tout engrenage vers l’escalade.

En mai dernier, le président libanais Joseph Aoun avait rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas, annonçant la formation d’un comité conjoint chargé de suivre la situation sécuritaire dans les camps palestiniens, avec pour objectif de centraliser le port d’armes au sein de l’État libanais.

Le gouvernement libanais fait face à des pressions croissantes, notamment de la part des États-Unis et de plusieurs pays européens, pour contenir les groupes armés, particulièrement le Hamas, Israël accusant régulièrement le Liban de servir de base arrière à des attaques contre sa sécurité nationale.

Beyrouth affirme que la poursuite des frappes israéliennes sur le sud du pays est souvent justifiée par la présence d’armes illégales et d’activités militaires échappant au contrôle de l’État. À travers ces récentes opérations, le Liban cherche à neutraliser ces arguments et à faire valoir son droit à la souveraineté et à l’autodéfense.

Malgré l’importance de ces actions, l’État libanais demeure confronté à de sérieuses difficultés pour imposer sa pleine souveraineté, en raison notamment des divisions politiques internes et de la complexité des rapports entre les différentes forces locales face à la question des armes palestiniennes, et de celles du Hezbollah en particulier.

Le démantèlement du camp d’Aley représente toutefois un signal fort quant à la volonté de l’État libanais de reprendre le contrôle du secteur sécuritaire et de limiter les activités armées à ses institutions officielles. Une entreprise difficile mais essentielle pour éviter toute nouvelle escalade ou implosion interne.

Dans ce contexte à haut risque, Beyrouth tente de marcher sur une ligne de crête, entre contraintes sécuritaires et équilibres politiques fragiles, avec l’objectif de préserver la stabilité d’un pays déjà profondément éprouvé par les crises.

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