Politique

Le Hezbollah libanais face à l’effondrement silencieux : une direction absente et une arme assiégée


Le drapeau ne suffit plus lorsque l’arme tombe. Le Hezbollah libanais fait face à un isolement fatal qui expose la fragilité de son projet.

Depuis la mort de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, lors d’un raid israélien l’an dernier, le Hezbollah se retrouve acculé, confronté à des questions auxquelles les armes ne peuvent répondre.

Dans ce contexte, le journal New York Times affirme que « la puissance du Hezbollah, soutenu par l’Iran, a décliné depuis l’assassinat de Nasrallah », ajoutant qu’« après des décennies à construire un État dans l’État, le parti fait désormais face à un avenir incertain ».

Avec l’absence d’un leadership fort, le mécanisme de prise de décision au sein du Hezbollah s’est effondré, alors que ses capacités militaires ont été durement touchées par des frappes de précision ayant épuisé ses stocks de missiles longue portée et d’armements sophistiqués.

Mustapha Fahs, analyste politique libanais, a déclaré au New York Times : « Le Hezbollah était deux choses : Hassan Nasrallah et les armes. Aujourd’hui, dans l’un de ses moments les plus faibles, il lutte pour conserver les armes qui représentent le cœur de son identité. »

Pressions croissantes

Le journal souligne que le Hezbollah subit des pressions croissantes de la part du gouvernement libanais et de ses bailleurs de fonds pour remettre ce qui reste de son arsenal, après une guerre de 13 mois avec Israël qui a laissé l’organisation dans un état de délabrement avancé.

Bien que le Hezbollah ait jusqu’ici résisté à toute idée d’abandon de ses armes, il reste incertain jusqu’à quand il pourra maintenir cette position, surtout alors que Washington réclame un calendrier resserré pour son désarmement.

Thomas Barak, émissaire américain, a effectué plusieurs visites au Liban ces derniers mois pour faire pression en faveur du désarmement du Hezbollah.

L’arsenal du Hezbollah

La quantité exacte d’armes encore en possession du Hezbollah reste inconnue. Israël affirme continuer à détruire ses dépôts d’armement, tandis que l’armée libanaise a déjà récupéré une partie des stocks.

L’accord de cessez-le-feu conclu en novembre dernier impose au Hezbollah de se retirer d’une zone de 18 milles entre le fleuve Litani et la frontière israélienne. Cependant, selon le New York Times, l’arsenal du Hezbollah s’étend bien au-delà de cette zone.

L’accord prévoit également que le gouvernement libanais empêche les groupes « non étatiques » de se réarmer.

Israël reste encore positionné à cinq points le long de la frontière et a instauré une zone tampon de quelques milles de profondeur sur une grande partie du front. Elle devait pourtant s’en retirer conformément à l’accord.

Le nouveau secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, a affirmé que le parti conserverait ses armes « tant qu’Israël continuera à attaquer le Liban et à occuper ses territoires ».

Dans un récent discours, il a déclaré : « On nous demande pourquoi nous avons besoin de missiles ? Comment pourrions-nous faire face à Israël si elle nous attaque ? Devons-nous renoncer à nos moyens de défense ? »

Un tigre de papier

Le Hezbollah a longtemps dominé le sud du Liban et sa base chiite, s’étendant de la banlieue sud de Beyrouth jusqu’à la frontière israélienne.

Le New York Times estime qu’il fut un temps où le Hezbollah était « le plus puissant pilier de ce qu’on appelle l’axe de la résistance iranien – un réseau de groupes affiliés à travers le Moyen-Orient visant à s’opposer à Israël et à l’Occident ».

Mais les guerres récentes ont révélé que cette alliance « n’était qu’un tigre de papier », selon les termes du journal.

Lorsque l’armée israélienne a envahi le Liban l’automne dernier pour tenter de stopper les attaques transfrontalières du Hezbollah, l’Iran n’est pas intervenu.

Israël a ensuite éliminé plusieurs dirigeants politiques et militaires fondateurs du Hezbollah, datant des années 1980 et 1990. Certains ont été tués dans leurs abris, et des milliers de combattants ont été ciblés via des dispositifs piégés à distance.

Signes de faiblesse

Depuis le cessez-le-feu, les signes de faiblesse du Hezbollah se sont multipliés. La majorité de ses combattants, qui se comptaient par milliers, ont quitté le sud du pays – un retrait que réclamaient depuis longtemps Israël et le gouvernement libanais.

Le New York Times note que le calendrier du désarmement du Hezbollah est l’un des éléments les plus sensibles de l’avenir post-conflit du Liban.

Le gouvernement libanais, qui se réunit ce mardi pour discuter du sort de l’arsenal du Hezbollah et des mécanismes possibles pour y parvenir, doit freiner l’organisation pour garantir l’accès au financement occidental sans provoquer de conflit interne.

Le Hezbollah fait depuis longtemps l’objet de sanctions occidentales en raison de sa classification comme organisation terroriste.

Après 50 années de conflits intermittents, le pays connaît une profonde récession économique, une crise bancaire, et une infrastructure énergétique en ruine.

La Banque mondiale estime que le Liban aura besoin de 11 milliards de dollars pour reconstruire les dommages causés par la dernière guerre.

Les partisans déçus du Hezbollah exigent désormais de savoir quand ils recevront les aides à la reconstruction pour rebâtir leurs maisons et entreprises détruites.

Le gouvernement espère que le mécontentement grandissant au sein de la population du Sud poussera le Hezbollah à céder ses armes.

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