Le Groupe en Difficulté… Qui est l’Islamiste Ahmed Jaballah Expulsé par la France et Interdit de Retour
La France a expulsé le leader et membre des Frères, tunisien Ahmed Jaballah, ancien président de l’Union des Organisations Islamiques en France, et lui a interdit de retourner dans le pays dans une démarche surprenante.
Radio « Europe 1 » a rapporté que Jaballah a quitté la France pour la Tunisie après avoir reçu une notification du Ministère de l’Intérieur français selon laquelle il constituait une « menace sérieuse pour l’ordre public ». La décision est intervenue après une enquête du parquet de Bobigny sur « la violation de la confiance » à l’encontre de la direction de l’Institut Européen des Sciences Humaines, dirigé par Jaballah, considéré comme un centre de diffusion des idées des Frères Musulmans en France.
Qui est Ahmed Jaballah?
Ahmed Jaballah (68 ans) est une figure éminente du mouvement islamiste Ennahdha en Tunisie, appartenant à la génération des pionniers qui ont grandi dans l’embrassement des organisations politiques islamiques dans les années 1970.
Jaballah faisait partie des jeunes islamistes qui ont suivi la voie de la « violence » dans leur jeunesse, et parmi les partisans de l’avis de Rachid Ghannouchi, le leader du mouvement Ennahdha, contre Abdelfattah Mourou, l’ancien président du mouvement, dans le conflit idéologique qui les opposait concernant la référence intellectuelle du mouvement.
Jaballah a émigré en France en 1981 pour poursuivre ses études à l’Université de la Sorbonne à Paris, utilisant sa présence là-bas pour renforcer l’influence du mouvement Ennahdha, s’intégrer dans la société française, et attirer la communauté tunisienne.
Jaballah est connu pour son histoire personnelle contradictoire ; il est imam, professeur de théologie, et enseignant en sciences islamiques à la Sorbonne. Il a également été président de l’Union des Organisations Islamiques en France, qui s’est ensuite transformée en Association Musulmane de France, une branche des Frères Musulmans en France. Jaballah est considéré comme proche de Ghannouchi et facilite le lien des Frères Musulmans avec l’Europe, notamment la France, en attirant la communauté tunisienne là-bas.
Quelles sont les accusations de la France contre lui?
La France accuse Jaballah de constituer une « menace sérieuse pour l’ordre public » et de propager les idées des Frères Musulmans, que la France considère comme une « organisation terroriste ». Les autorités françaises font référence à une enquête menée par le parquet de Bobigny concernant « la violation de la confiance » à l’encontre de la direction de l’Institut Européen des Sciences Humaines, dirigé par Jaballah. L’institut, situé à Saint-Denis dans la banlieue nord de Paris, forme des imams, des enseignants dans les écoles coraniques, ainsi que des citoyens ordinaires souhaitant apprendre l’arabe ou comprendre l’islam.
La France affirme que l’institut représente une « fabrique d’extrémisme » et diffuse les idées des Frères Musulmans, soutenant des groupes islamistes radicaux dans le monde entier. La France prétend avoir surveillé les activités de Jaballah et de l’institut pendant des années et posséder des preuves et des témoins de leur implication dans la propagation de l’idéologie des Frères Musulmans, affirmant qu’elle a décidé d’expulser Jaballah et de lui interdire de retourner dans le pays en vertu d’une nouvelle loi adoptée en décembre 2023, permettant au gouvernement d’expulser les étrangers qui représentent une menace pour la sécurité nationale ou l’ordre public.
Jaballah Dénonce la Décision
Jaballah a nié les accusations portées contre lui, affirmant qu’il est victime de diffamation et de désinformation, n’ayant violé aucune loi française. Il respecte les valeurs républicaines et laïques, ajoutant dans une déclaration qu’il condamne la décision injuste et précipitée et se réserve le droit de faire appel devant la justice française.
Jaballah considère que la décision s’inscrit dans le cadre de la guerre contre l’islam, visant à criminaliser et à réprimer l’identité et l’expression islamiques. Il appelle à la solidarité avec lui et avec les musulmans en France, exhortant à combattre l’islamophobie, le racisme et la discrimination.
D’autre part, le mouvement Ennahdha en Tunisie a exprimé sa solidarité avec Jaballah, qualifiant la décision de la France d' »autoritaire et contraire aux droits de l’homme ». Le mouvement a déclaré dans un communiqué qu’il condamnait les pratiques répressives et arbitraires contre la communauté musulmane en France, appelant le gouvernement français à respecter la liberté de croyance, d’expression et de diversité culturelle.
Le mouvement a affirmé son soutien à Jaballah face à cette injustice, exprimant sa confiance en sa capacité à se défendre et à défendre sa cause.