Le front se fissure : les Frères musulmans s’insurgent contre Erdoğan à propos de la Syrie

Dans un tournant significatif susceptible de provoquer un changement profond dans les relations entre la confrérie des Frères musulmans et la Turquie, le dirigeant islamiste Ahmed Abdelbasset Mohamed – actuellement exilé aux États-Unis et condamné à mort en Égypte – a lancé une attaque virulente contre le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Il lui reproche un « silence suspect » face aux récentes frappes israéliennes en Syrie.
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Dans une publication sarcastique sur les réseaux sociaux, Abdelbasset s’est moqué d’Erdoğan, s’interrogeant ironiquement : « Où est ton pistolet à blanc, Erdoğan ? », critiquant l’écart entre les discours enflammés du président turc contre Israël et l’absence perçue d’actions concrètes.
D’après le quotidien égyptien Al-Dostour, les propos d’Abdelbasset ne reflètent pas un avis personnel isolé, mais traduisent une colère grandissante au sein des rangs de la confrérie, en réaction à l’évolution évidente de la politique étrangère turque, notamment en ce qui concerne la Syrie.
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Cette sortie intervient après des années d’une alliance étroite entre la Turquie et les Frères musulmans. Depuis 2013, Ankara avait offert un refuge sûr aux dirigeants du groupe fuyant l’Égypte, leur permettant d’établir des plateformes médiatiques et politiques attaquant le régime égyptien depuis Istanbul. Mais les récents ajustements stratégiques de la Turquie – notamment le réchauffement de ses relations avec Le Caire et sa volonté de limiter son implication en Syrie – semblent mettre en péril cette alliance historique.
Le moment de cette critique n’est pas anodin. Elle coïncide avec des frappes israéliennes qui ont ciblé le ministère syrien de la Défense à Damas – un événement interprété dans les cercles islamistes comme un abandon par Ankara des groupes extrémistes liés aux Frères musulmans.
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Ce ressentiment a été exacerbé par la montée en puissance d’Ahmed al-Sharaa, alias Al-Joulani, chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui entretient des relations stratégiques avec la Turquie, complexifiant davantage les liens entre Ankara et les Frères musulmans.
Selon plusieurs analystes, les déclarations d’Abdelbasset pourraient être perçues comme un signal d’alarme annonçant la fin de cette alliance de longue date. Alors que la Turquie reconfigure ses priorités géopolitiques, les Frères musulmans semblent peu à peu perdre l’un de leurs derniers alliés influents dans la région.