Le colonialisme en 2025 : la fermeture du dossier de l’annexion en Cisjordanie
Alors que le monde est absorbé par les développements à Gaza, les pressions arabes et la position de Washington en 2025 ont fait reculer les espoirs israéliens, au point que l’année est devenue celle de la fermeture du dossier de l’annexion.
Des responsables israéliens, notamment le ministre des Finances Bezalel Smotrich, affirmaient que 2025 serait l’année de l’annexion, mais cela ne s’est finalement pas produit.
Ces responsables estimaient que le président américain Donald Trump soutiendrait les demandes d’annexion en Cisjordanie, après son retour à la Maison-Blanche pour un second mandat.
L’extrême droite israélienne est même allée jusqu’à élaborer des plans d’annexion couvrant 82 % de la Cisjordanie.
Mais les pressions exercées par les Émirats arabes unis, soutenus par de nombreux pays arabes, islamiques et internationaux, ont relégué ce dossier au second plan.
Les Émirats arabes unis ont clairement affirmé que « l’annexion est une ligne rouge ».
Sous ces pressions, la déclaration décisive est venue de Trump, qui a déçu l’extrême droite israélienne en déclarant : « Je n’autoriserai pas Israël à annexer la Cisjordanie ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est rapidement rétracté et a retiré l’annexion de l’ordre du jour du gouvernement israélien.
L’annexion a également disparu des déclarations de Smotrich, du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et d’autres dirigeants de l’extrême droite.
Ce revirement américain constitue l’évolution la plus marquante concernant l’annexion en 2025. L’année est ainsi passée, comme l’espéraient Smotrich et ses alliés, de « l’année de l’annexion » à « l’année de la fermeture du dossier ».
Le rêve d’annexion continue de hanter la droite et l’extrême droite israéliennes, mais Trump, qui répète qu’il ne permettra pas cette annexion en raison d’un engagement pris envers des dirigeants arabes, constitue désormais, selon des observateurs, un obstacle majeur à sa mise en œuvre sur le terrain.
Violences des colons
Cependant, les revendications de l’extrême droite israélienne n’ont pas cessé avec l’abandon de l’annexion. Elles se sont traduites par une escalade sur le terrain visant les civils palestiniens en Cisjordanie.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a documenté 1 680 attaques menées par des colons israéliens dans plus de 270 localités palestiniennes à travers la Cisjordanie depuis le début de l’année 2025, soit une moyenne de cinq attaques par jour.
Le rapport indique une expansion géographique notable, avec 88 villes et villages palestiniens touchés depuis le début de l’année, un chiffre record depuis 2020 et plus du double de celui de 2022.
Les dommages infligés aux oliviers et aux jeunes plants ont également atteint leur niveau le plus élevé en six ans : plus de 6 000 arbres et plants ont été détruits en 2025, soit presque le double de ceux endommagés en 2024 et trois fois plus que les niveaux enregistrés en 2020.
Les attaques se sont intensifiées durant la saison de la récolte des olives, marquée par une violence accrue des colons, de sévères restrictions d’accès et une baisse de la production.
Entre le 1er octobre et le 30 novembre 2025, l’ONU a recensé 178 attaques liées à la récolte, causant des blessés, des dégâts matériels ou les deux.
Ces incidents comprennent des agressions contre des agriculteurs dans les champs ou sur les routes, le vol de récoltes et de matériel, ainsi que le sabotage de plantations.
Bien que ce chiffre soit inférieur aux 213 attaques de la même période en 2024, il reste nettement supérieur aux niveaux précédant 2023, où les chiffres oscillent entre
30 et 60 attaques.
Les violences, menaces et actes d’intimidation des colons se sont poursuivis dans plusieurs régions, notamment dans le nord de la Cisjordanie et dans la zone d’Hébron, ciblant principalement les localités proches des avant-postes anciens ou nouvellement établis.
Ces attaques incluent des agressions répétées, des intrusions, des destructions d’infrastructures agricoles et d’installations hydrauliques, provoquant parfois le déplacement de familles palestiniennes.
Plus de 1 000 Palestiniens ont été blessés dans des attaques de colons depuis le début de 2025, soit plus du double des blessures recensées en 2024, selon l’ONU. Les blessures résultent d’agressions physiques, de jets de pierres ou de l’inhalation de gaz lacrymogènes.
Plus de 40 % de ces blessures ont été enregistrées durant les mois de juin, juillet et octobre, chacun ayant compté au moins 100 blessés palestiniens.
Ce nombre représente près du triple des blessures recensées en 2024, où 360 cas avaient été documentés.
Boom de la construction coloniale
La construction coloniale a également connu un soutien gouvernemental sans précédent en 2025.
Selon les données obtenues par « La Paix Maintenant », l’administration d’Israël a présenté depuis le début de l’année des plans pour un total de 29 311 unités de colonisation, un record.
Depuis la réforme introduite en juin 2023 par le gouvernement Netanyahou-Smotrich, l’approbation du ministre de la Défense n’est plus requise pour chaque étape de développement des projets de colonisation.
Auparavant, chaque plan nécessitait une validation préalable du ministre de la Défense, ce qui limitait les avancées à environ quatre sessions par an, chacune approuvant des milliers d’unités.
Ces derniers mois, le Conseil supérieur de planification se réunit chaque semaine et approuve des centaines d’unités à chaque session, cherchant ainsi à normaliser la planification dans les colonies et à réduire les critiques internes et internationales.
Ce changement constitue l’un des développements les plus marquants dans le dossier de la colonisation en 2025.
