Politique

Le Canada inscrit le CGRI sur la liste des organisations terroristes

Le ministère iranien des Affaires étrangères dénonce la décision, la qualifiant de déplacée, peu conventionnelle et politiquement motivée


Mercredi, le Canada a inscrit le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) iranien sur la liste des organisations terroristes, exhortant ses citoyens à quitter la République islamique tandis que l’Iran a condamné la décision, minimisant ses conséquences.

Le ministre canadien de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a déclaré lors d’une conférence de presse : « Notre gouvernement a décidé d’inscrire le CGRI sur la liste des entités terroristes en vertu du Code criminel. »

Le responsable canadien, qui s’exprimait entouré des ministres canadiennes des Affaires étrangères et de la Justice, a accusé le régime iranien de « soutenir le terrorisme » et de « faire preuve d’un mépris constant des droits de l’homme tant à l’intérieur de l’Iran qu’à l’extérieur, ainsi que d’une volonté de déstabiliser l’ordre international fondé sur le droit. »

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a rappelé qu’Ottawa avait rompu les relations diplomatiques avec Téhéran en 2012, exhortant les Canadiens à ne pas se rendre en Iran, déclarant : « Pour ceux qui se trouvent actuellement en Iran, il est temps de rentrer chez vous. »

L’agence de presse semi-officielle iranienne Fars a rapporté jeudi que le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a condamné la désignation du CGRI par le Canada comme organisation terroriste, la qualifiant de « démarche peu judicieuse et peu conventionnelle, motivée par des considérations politiques, » ajoutant que « cette mesure du Canada n’aura aucun impact sur la légitimité et le pouvoir dissuasif du CGRI, » notant que Téhéran se réserve le droit de répondre à cette désignation.

Avec cette décision, le Canada peut geler les avoirs des membres de l’organisation et les poursuivre en justice, en plus de l’interdiction de toutes les transactions financières.

Les expatriés iraniens et les familles des victimes du vol PS752 de l’Ukraine, abattu par l’Iran peu de temps après son décollage de Téhéran en janvier 2020, tuant les 176 passagers, dont 85 citoyens canadiens et résidents permanents, ont longtemps fait pression sur Ottawa pour qu’il désigne le CGRI comme une entité terroriste.

Kourosh Doustshenas, porte-parole des familles des victimes, a salué l’inscription du CGRI sur la liste des organisations terroristes, la qualifiant de « pas en avant significatif dans la quête de justice pour toutes les victimes de cette organisation. »

La liste noire canadienne comprend environ quatre-vingts entités, y compris le Hamas, Al-Qaïda, le Hezbollah, les Talibans, l’État islamique et Boko Haram. La Force Qods, responsable des opérations extérieures du CGRI, était déjà inscrite.

Cette décision intervient dans un contexte de forte tension entre le Canada et l’Iran depuis plusieurs années.

À l’instar de nombreux autres pays, le Canada poursuit la République islamique devant la Cour internationale de justice pour la tenir légalement responsable de l’abattage de l’avion ukrainien en 2020.

Depuis les manifestations en Iran après la mort de Mahsa Amini en 2022, Ottawa a imposé une série de sanctions contre des organisations et des responsables iraniens, interdisant l’entrée au Canada à dix mille responsables iraniens, y compris des membres du CGRI.

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