L’Australie critique Netanyahu pour son déni de la souffrance à Gaza alors que la crise de la faim s’aggrave

L’ONU qualifie le dépassement du seuil de cent décès d’enfants dus à la faim de tournant dévastateur, une honte pour le monde qui exige une action urgente et longtemps attendue.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a déclaré que son homologue israélien, Benyamin Netanyahou, était « dans le déni » quant à la situation humanitaire dans la bande de Gaza, et ce, un jour après avoir annoncé que l’Australie reconnaîtrait l’État de Palestine.
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Alors que les pressions politiques sur Israël s’intensifient, la crise humanitaire à Gaza s’aggrave tragiquement. Des responsables des Nations unies ont appelé à une intervention immédiate après que les autorités sanitaires de Gaza ont annoncé la mort de plus de 100 enfants par malnutrition depuis le début de la guerre en octobre 2023.
Lundi, Albanese a précisé que l’Australie voterait en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien à l’Assemblée générale des Nations unies le mois prochain, rejoignant ainsi la France, le Royaume-Uni et le Canada dans cette démarche qui accentue la pression internationale sur Israël.
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Selon lui, la réticence du gouvernement Netanyahou à écouter ses alliés a contribué à cette décision. Dans une interview accordée à la chaîne publique australienne ABC, Albanese a indiqué, à propos d’un échange téléphonique avec Netanyahou jeudi : « Il m’a répété ce qu’il a déjà déclaré publiquement, à savoir un déni des conséquences subies par les innocents. »
Par ailleurs, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a rapporté que ses partenaires humanitaires à Gaza considèrent le dépassement des cent morts d’enfants comme « un tournant dévastateur qui fait honte au monde et appelle à une action urgente trop longtemps retardée ».
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Le Programme alimentaire mondial a averti que plus de 300 000 enfants demeuraient en grand danger, et qu’un tiers de la population de Gaza a déclaré ne pas avoir mangé pendant plusieurs jours consécutifs.
Il a précisé que les besoins en aide alimentaire de base dépassent 62 000 tonnes par mois, mais qu’à ce jour, les livraisons autorisées restent largement insuffisantes pour assurer la survie d’environ deux millions de personnes.
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OCHA a indiqué que l’ONU et ses partenaires ont pu, dimanche, acheminer une partie des denrées alimentaires, du carburant et des fournitures, dont du matériel d’hygiène, via le poste-frontière de Kerem Shalom. Cependant, les cargaisons ont été déchargées avant d’atteindre leur destination finale.
Le bureau a également signalé que le carburant entre par ce même point de passage, mais que les autorités israéliennes n’autorisent en moyenne qu’environ 150 000 litres par jour, un volume bien inférieur au minimum nécessaire pour maintenir les opérations vitales.
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La Défense civile palestinienne a annoncé que plus de la moitié des ambulances de Gaza étaient hors service faute de carburant et de pièces détachées. La semaine dernière, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a averti que seulement 1,5 % des terres agricoles de Gaza restaient exploitables et intactes, signe d’un effondrement quasi total du système alimentaire local.
Lors d’une rare séance du Conseil de sécurité dimanche, Ramesh Rajasingham, directeur de la coordination à l’OCHA, a qualifié la situation humanitaire à Gaza de « plus que catastrophique ».
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Il a exprimé une profonde inquiétude face à la poursuite du conflit et à des rapports faisant état d’atrocités et de pertes humaines supplémentaires, qui devraient s’accroître après la décision d’Israël d’étendre ses opérations militaires à Gaza, qualifiant cette initiative d’« escalade grave dans un conflit ayant déjà provoqué des souffrances inimaginables ».
Rajasingham a ajouté que les rares lignes de survie encore existantes à Gaza s’effondrent sous le poids des hostilités persistantes, du déplacement forcé et du manque criant d’aide humanitaire vitale.
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La guerre dans la bande de Gaza a éclaté après une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, ayant causé la mort de 1 219 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon des données officielles.
Depuis, les frappes et opérations militaires israéliennes ont entraîné la mort d’au moins 61 499 personnes à Gaza, pour la plupart des civils, d’après le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, des chiffres jugés fiables par l’ONU.