L’Australie annonce sa décision d’inscrire les ailes militaire et politique du Hamas sur la liste des organisations terroristes
L’Australie a rejoint la liste d’organisations et de pays occidentaux pour classer l’ensemble du Hamas, une organisation terroriste, au milieu de l’érosion de la ligne de démarcation entre les volets militaire et politique.
La décision australienne resserre l’emprise occidentale sur le Hamas, l’empêche de collecter des fonds par l’intermédiaire de plusieurs chefs de la diaspora, et limite son mouvement et sa marge de manœuvre de manière significative, selon des observateurs.
Vendredi, le Gouvernement australien a inscrit le Hamas sur la liste des organisations terroristes.
Karen Andrews, Ministre australienne de l’intérieur, a déclaré lors de l’annonce de la désignation de huit organisations que les vues du Hamas et d’« autres groupes extrémistes violents qui figurent sur la liste d’aujourd’hui sont très inquiétantes et que leurs odieuses croyances n’ont pas leur place en Australie ».
L’inclusion du Hamas dans cette catégorie risque d’imposer des restrictions à son financement et à tout type d’appui, ainsi qu’à certaines activités liées au Mouvement, qui, d’après Reuters, pourraient être passibles de 25 ans d’emprisonnement.
La Ministre australienne a déclaré qu’il était nécessaire que notre législation vise non seulement les activités terroristes et les terroristes, mais aussi les organisations qui planifient, financent et exécutent de tels actes.
Changement de stratégie
Au cours des deux dernières décennies, l’Australie a qualifié la branche militaire du Hamas, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, d’organisation terroriste.
Mais il y a quelques semaines, elle a annoncé son intention d’étendre la classification à l’ensemble du Hamas avec ses aspects politico-militaires, comme cela s’est produit aujourd’hui.
La décision australienne reflète l’érosion de la ligne de démarcation entre les volets militaire et politique de la stratégie de certains pays occidentaux à l’égard des organisations terroristes, comme le Hamas et le Hezbollah.
Au cours des deux dernières années, plusieurs pays occidentaux, comme l’Allemagne et l’Autriche, ont abandonné cette stratégie pour différencier l’aile politique et l’aile militaire du Hezbollah libanais, tandis que l’Australie a abandonné cette même stratégie vis-à-vis du Hamas.
Cette nouvelle approche occidentale reflète une plus grande prise de conscience de la nature du fonctionnement de ces organisations, de leur gravité et de l’absence de division entre leur action militaire et politique, selon les observateurs.
Les organisations terroristes exploitent cette séparation de leurs ailes politique et militaire dans plusieurs pays occidentaux, à la fois pour lever des fonds et pour influencer la diaspora musulmane. Cette démarche a permis de réunir chaque année des millions de dollars de dons destinés à financer une action militaire.
Mais la tendance occidentale actuelle à la déconnexion politique et militaire met à mal les réseaux de collecte de fonds et l’influence du Hamas et du Hezbollah dans les pays occidentaux, portant un coup sévère à ces organisations qui comptent essentiellement sur ces fonds pour leur approvisionnement en armes et leurs opérations.
L’Amérique est la première nation
Les États-Unis sont le premier pays occidental à inscrire le Hamas sur la liste des terroristes en 1997, et le Canada, son voisin, le 27 novembre 2002.
Depuis 2003, l’UE place l’ensemble du Hamas sur sa liste d’organisations terroristes, bien qu’il ait intenté plusieurs actions en justice devant les tribunaux européens, aboutissant l’année dernière à un verdict final confirmant sa position sur les listes terroristes.
Tous les États européens membres du conglomérat s’engagent à qualifier l’ensemble du Hamas de terroriste.
Mais l’Allemagne a décidé d’aller plus loin et de prendre des mesures contre le mouvement en juin dernier, quand le Parlement a interdit tous les symboles du Hamas sur le territoire allemand.
En novembre dernier, la Grande-Bretagne a rejoint le front occidental contre le Hamas en déclarant l’interdiction totale du mouvement palestinien sur son territoire, avant que l’Australie ne l’ait rattrapé aujourd’hui et qu’elle qualifie ce mouvement de terroriste.
Ainsi, les pays et les principaux blocs occidentaux classent le Hamas dans leur ensemble comme une organisation terroriste, ce qui empiète sur sa stratégie de collecte de fonds dans ces pays par le biais de dons et d’activités commerciales et financières, affaiblissant la capacité du Mouvement à développer son arsenal d’armes et à mener ses opérations.