Grand Maghreb

L’asphyxie financière et l’impasse avec Haftar menacent la continuité du gouvernement de Dbeibah

Un rapport français met en lumière les dessous du conflit entre le gouverneur de la Banque centrale et le Premier ministre de l'unité, et met en garde contre un glissement sécuritaire à Tripoli


Depuis plusieurs semaines, le Premier ministre libyen de l’unité nationale sortant, Abdel Hamid Dbeibah, fait face à une érosion de sa politique en raison du dessèchement des finances publiques et de l’impasse dans le dialogue avec le chef de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, selon un rapport du journal français « Le Monde ».

« Le Monde » considère que l’attaque à la roquette contre la résidence de la famille Dbeibah dans la capitale Tripoli fin mars sonne l’alarme d’une « tempête imminente sur le gouvernement d’unité nationale », expliquant que le défi le plus difficile auquel est confronté Dbeibah actuellement est « la cessation du financement de son gouvernement, qui lui a permis jusqu’à présent de gagner la loyauté de la plupart des milices à Tripoli ».

Le journal français a déclaré que « le gouverneur de la Banque centrale libyenne, Saddek Elkaber, a refusé de débloquer les fonds demandés par Dbeibah, ce qui a entraîné un affrontement violent entre les deux hommes ».

Il a révélé « une violente altercation entre Elkaber et Ibrahim Dbeibah, le neveu du Premier ministre et son conseiller, qui a contraint le gouverneur de la Banque centrale à passer un mois et demi en Turquie par crainte pour sa sécurité ».

Dans le contexte du récent différend entre Elkaber et Dbeibah, le gouverneur a demandé l’imposition d’une taxe de 27% sur les transactions en devises étrangères, une mesure visant à mettre fin au gaspillage des réserves de change et à la baisse de la valeur de la monnaie étrangère, une demande à laquelle le président du Parlement, Aguila Saleh, a répondu en émettant un décret imposant ces taxes.

Selon « Le Monde », la situation est devenue de plus en plus délicate pour Abdel Hamid Dbeibah, car la solidité de sa base politique dépend largement des dépenses.

Le journal a cité une source diplomatique disant que « le pouvoir de Dbeibah est lié aux groupes armés qu’il soutient, et l’asphyxie financière le plongera dans une crise existentielle ».

Dans ce contexte, la source a exprimé sa préoccupation quant à la possibilité d’une escalade sécuritaire à Tripoli en raison des tensions croissantes.

Le journal français estime également que ce qui resserre l’étau autour de Dbeibah est « la relation de plus en plus complexe avec le maréchal Khalifa Haftar. Le jour suivant son arrivée à la tête du gouvernement, Dbeibah a tenté d’établir des relations relativement pacifiques avec Haftar, rompant ainsi avec la division qui a dominé la vie politique libyenne depuis 2011.

Cependant, le calme qui a permis l’arrêt des combats en octobre 2020 était plus proche d’un « pacte d’intérêts et de corruption », selon la formulation utilisée par les analystes libyens à l’époque, plutôt que d’une réconciliation permanente », selon le rapport français.

Le rapport a étayé cette affirmation en faisant remarquer que Haftar était derrière la formation d’un gouvernement parallèle appelé « gouvernement de stabilité nationale », basé à Benghazi. Depuis lors, les négociations entre les deux parties sur la réunification des pouvoirs ont échoué.

Le journal a cité une source diplomatique disant que le maréchal Haftar « exige les portefeuilles clés », et il semble qu’il ait récemment relevé le défi en soutenant Elkaber en coulisses dans le jeu de « tir à la corde » avec Dbeibah. En réalité, Elkaber a reçu un soutien apparent du président du Parlement, Aguila Saleh.

Malgré les difficultés croissantes pour Dbeibah, peu d’analystes osent prédire une chute imminente de son gouvernement en l’absence d’une figure de remplacement dans l’ouest de la Libye, selon « Le Monde », qui a souligné que plutôt que de voir des troubles à court terme, la Libye risque de rester dans la même impasse en raison de l’influence croissante de deux puissances étrangères, la Turquie et la Russie », surtout avec l’évolution récente de l’ouverture des deux pays à toutes les régions, tandis que Washington ne cache plus sa « préoccupation », selon le rapport français.

Alors que son ambassade à Tripoli était fermée pendant les troubles après 2011, les États-Unis cherchent à rouvrir leur représentation diplomatique, comme en témoigne une demande budgétaire de 12,7 millions de dollars envoyée par le Département d’État au Congrès le 11 mars.

Le document indique que « l’influence croissante de la Russie sur la façade sud de l’OTAN est l’une des motivations de ce retour en Libye », conclut le journal français en se demandant s’il existe une nouvelle équation stratégique en cours de formation en Libye.

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