L’Allemagne lance une stratégie d’encerclement : trois axes pour contrer l’influence des Frères musulmans
L’année 2025 marque en Allemagne un tournant majeur dans la manière dont le gouvernement traite le groupe des Frères musulmans. Le mouvement et ses ramifications ont subi une série de coups successifs, allant bien au-delà de la simple surveillance sécuritaire pour atteindre une confrontation politique et financière directe.
Les développements récents confirment que le gouvernement est entré dans une phase de « décision ferme » visant à enrayer l’expansion de l’islam politique, souvent dissimulée derrière les apparences du travail associatif et du discours démocratique.
La crise ne s’est pas limitée au champ politique. Elle a également touché le financement, considéré comme le véritable nerf vital du groupe à l’étranger. Parmi les affaires les plus marquantes figure le scandale de fraude impliquant Saad Al-Jazzar. Un tribunal allemand a condamné l’un des principaux cadres des Frères musulmans en Allemagne de l’Est et président du « Centre Marwa El-Sherbini » pour s’être approprié plus de 13 000 euros provenant des dons des fidèles de la mosquée à des fins personnelles. Cette affaire a mis en lumière l’exploitation des fonds de dons publics par le réseau des Frères musulmans.
Par ailleurs, le groupe parlementaire du parti « Alternative pour l’Allemagne » a déposé une interpellation urgente auprès du gouvernement, ouvrant un dossier sensible relatif à l’octroi de financements publics à des projets gérés par des structures liées aux Frères musulmans, actives dans une « zone grise » sous couvert de promotion de la démocratie et de l’intégration. C’est notamment le cas de l’alliance « Klim » (Alliance contre l’hostilité envers l’islam et les musulmans). Cette initiative parlementaire prépare le terrain à une interruption des flux de fonds publics au profit du groupe.
Ces derniers mois ont également été marqués par des mesures gouvernementales décisives, traduisant la volonté de la coalition au pouvoir de tenir ses engagements en matière de lutte contre l’islam politique. Parmi ces mesures figure l’interdiction de l’organisation « Muslim Interaktiv », qui utilisait Internet comme un « espace d’activisme, de recrutement et de mobilisation » auprès des jeunes. Le ministère a estimé que les objectifs de cette organisation étaient incompatibles avec l’ordre constitutionnel du pays.
En avril, la coalition gouvernementale s’est engagée à élaborer un « plan d’action fédéral » de lutte contre l’islamisme. Dans cette perspective, le ministère de l’Intérieur a annoncé la création d’un conseil consultatif permanent composé de quinze experts chargés d’élaborer des politiques préventives efficaces. Cette initiative illustre le passage d’une logique de simple observation à la mise en place d’une stratégie à long terme pour faire face au groupe.
Parallèlement aux mesures financières et législatives, le Parlement examine un projet de résolution appelant à l’interdiction définitive des Frères musulmans et de leurs branches en Allemagne, et à la classification de l’« Association de la communauté musulmane en Allemagne » (DMG) comme la principale organisation devant être dissoute.
L’ensemble de ces évolutions accentue la pression sur les Frères musulmans et confirme, aux yeux des observateurs, que la fin de l’année 2025 a été particulièrement difficile pour le mouvement, tandis que l’année 2026 s’annonce comme une période de durcissement sans précédent des mesures visant ses réseaux sur le territoire allemand.
