L’administration américaine et la Syrie : Prudence et scepticisme face au nouveau régime dirigé par Ahmad Al-Charaa
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L’administration américaine adopte une position prudente et sceptique à l’égard du nouveau pouvoir en place en Syrie. Chaque jour, de plus en plus d’indicateurs suggèrent une attitude potentiellement négative envers l’administration d’Ahmad Al-Charaa.
Cette réserve s’est manifestée après la récente visite du secrétaire d’État américain Marco Rubio en Israël. Lors de cette visite, il a déclaré à propos du nouveau gouvernement syrien : « La chute d’Assad est un développement prometteur et important. Cependant, remplacer une force déstabilisatrice par une autre force similaire ne constitue pas une avancée positive. »
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Lors de la conférence de Paris consacrée à la Syrie, le représentant des États-Unis, responsable du bureau du Moyen-Orient au Département d’État, a refusé de signer la déclaration adoptée par l’ensemble des participants. D’après les organisateurs de la conférence, cette réticence américaine s’explique par la position de Washington vis-à-vis de Hay’at Tahrir al-Cham, qui dirige actuellement la Syrie sous la présidence d’Ahmad Al-Charaa et des institutions mises en place depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad, le 8 décembre dernier.
Plusieurs responsables américains ont affirmé que l’administration Biden était encore en train d’examiner la politique qu’elle entendait adopter vis-à-vis du nouveau régime syrien et que cette réflexion était toujours en cours. Par conséquent, Washington préfère attendre avant de prendre des engagements officiels à l’échelle nationale.
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Dans ce contexte, l’écrivain et analyste politique syrien Mazen Bilal a déclaré que le refus des États-Unis de signer la déclaration de Paris sur la Syrie était prévisible. Selon lui, cela découle du faible niveau de représentation politique de l’administration américaine lors de cette conférence, illustrant un intérêt limité pour la situation syrienne. La France a quant à elle justifié l’absence de signature en invoquant la politique américaine, qui reste dans une phase d’observation face à la nouvelle gouvernance à Damas.
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Bilal souligne également que le président américain Donald Trump adopte actuellement une approche similaire à celle de son premier mandat. À l’époque, il avait pris des décisions unilatérales sans coordination avec l’Europe, comme le bombardement de la base aérienne d’Al-Chaayrate ou la signature d’un accord avec Vladimir Poutine sur le sud-ouest de la Syrie, qui avait mis fin aux combats dans le Golan et le Hauran. Aujourd’hui, Trump agit de la même manière, considérant que les priorités de son administration doivent être gérées indépendamment de l’intervention européenne, comme c’est également le cas pour la guerre en Ukraine.
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D’après l’analyste syrien, il est difficile de prévoir la future politique américaine en Syrie sans attendre la conclusion des dossiers de Gaza et du Liban. Sur ces deux fronts, Washington adopte une position ferme et teste la solidité des politiques régionales face aux plans de Trump, qui semble avoir pris des décisions définitives à l’égard du Hamas et du Hezbollah. La stratégie américaine consiste à déporter les habitants de Gaza pour éliminer toute présence militaire dans la bande, tandis qu’au Liban, elle envisage de confier à l’armée une confrontation directe et risquée avec le Hezbollah afin de démanteler sa puissance militaire et politique.