L’accord de Gaza : la question du passage et des dépouilles en attente d’un arbitrage américain

Tous les regards se tournent vers Washington dans l’espoir de surmonter la crise qui entrave la mise en œuvre du plan du président américain Donald Trump concernant la bande de Gaza.
Israël conditionne désormais l’application de ses engagements prévus dans l’accord à la restitution de toutes les dépouilles des otages israéliens tués, tandis que le mouvement Hamas affirme que la remise des corps restants nécessite une aide logistique et technique.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé dans un communiqué qu’« Israël a reçu, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, les cercueils de deux otages décédés, remis à l’armée israélienne et au service de sécurité du Shin Bet à l’intérieur de la bande de Gaza ».
Le communiqué précise que « les dépouilles seront ensuite transférées en Israël, où elles seront accueillies avec des honneurs militaires en présence du grand rabbin militaire, avant d’être acheminées vers le centre national de médecine légale du ministère de la Santé ».
Une fois les processus d’identification terminés, les familles des victimes seront officiellement informées.
Ces deux corps, remis par le Hamas, portent à douze le nombre total d’otages israéliens dont les dépouilles ont été restituées, tandis qu’il resterait encore seize corps à Gaza, que le Hamas s’est engagé à remettre. Cependant, l’ampleur des destructions dans l’enclave rend difficile la poursuite rapide de cette opération.
Netanyahou a toutefois lié la réouverture du poste-frontière de Rafah, reliant Gaza à l’Égypte, à la remise complète des dépouilles, une décision que le Hamas et les médiateurs jugent contraire à l’accord conclu.
Dans un communiqué, le Hamas a dénoncé « une violation flagrante des clauses de l’accord de cessez-le-feu » et « un reniement des engagements pris par Netanyahou devant les médiateurs et les garants internationaux ».
Le mouvement a averti que « le maintien de la fermeture du passage de Rafah, l’interdiction du transfert des blessés et des malades, la restriction de la circulation des civils, ainsi que le blocage de l’entrée du matériel nécessaire à la recherche des disparus sous les décombres et à l’identification des corps, entraîneront un retard considérable dans les opérations de récupération et de restitution des dépouilles ».
Israël avait déjà empêché l’entrée d’une équipe turque spécialisée dans la recherche de corps, bien que Washington eût salué la participation de cette équipe en raison de son expérience acquise lors des tremblements de terre survenus en Turquie.
La chaîne israélienne Channel 12 a révélé que l’administration américaine n’a pas apprécié le communiqué de Netanyahou sur la fermeture prolongée du passage de Rafah. Le président Trump, selon la même source, « ne permettra pas une réduction de l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza ».
Le Hamas, de son côté, a dénoncé la poursuite des violations israéliennes, affirmant avoir recensé plus de 47 infractions documentées ayant causé la mort de 38 personnes et blessé 143 autres.
« Nous appelons les médiateurs et les garants de l’accord à intervenir immédiatement pour contraindre l’occupation à rouvrir le passage de Rafah et à respecter toutes les clauses de l’accord, tout en mettant fin à ses crimes continus contre le peuple palestinien à Gaza », a déclaré le mouvement.
Beaucoup estiment que ces différends, notamment autour du passage de Rafah, seront réglés avant ou pendant la visite imminente de hauts responsables américains dans la région.
En signe de ce mouvement diplomatique, Channel 12 a indiqué que le vice-président américain J.D. Vance a reporté sa première visite officielle à Tel-Aviv de lundi à mardi.
Parallèlement, l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, le conseiller Jared Kushner et le commandant du Commandement central de l’armée américaine, le général Brad Cooper, doivent également se rendre dans la région.
Les discussions se concentreront sur la nécessité de poursuivre la mise en œuvre du plan du président Trump et d’éviter toute action susceptible d’en compromettre l’exécution.
Selon l’Autorité israélienne de radiodiffusion, Washington aurait transmis à Israël un message précisant « qu’il ne faut pas imposer de sanctions au Hamas pour l’instant en raison de la crise des dépouilles des otages », les États-Unis exerçant actuellement des pressions sur les médiateurs pour résoudre cette question.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, avait déclaré vendredi que le passage de Rafah rouvrirait dimanche, avant que Netanyahou n’annonce samedi son maintien fermé jusqu’à nouvel ordre.
Des responsables israéliens, cités par Channel 12, ont déclaré que la visite du vice-président Vance « représente un signal clair de l’administration Trump exprimant sa volonté d’appliquer l’accord dans les plus brefs délais ».