La visite du président israélien en Turquie met à nu les doubles standards des Frères musulmans
Isaac Herzog est reçu par son homologue Recep Tayyip Erdoğan ce mercredi 9 mars, tandis que le peuple turc l’avait accueilli en brûlant le drapeau de l’entité sioniste.
L’histoire n’oubliera pas les propos d’Erdoğan après la déclaration de normalisation de plusieurs États arabes, comme les Émirats arabes unis et Bahreïn, lorsqu’il a déclaré à Israël : Pourquoi trahissez-vous la cause palestinienne et son peuple, vous êtes déshonorés? Erdoğan est bien sûr connu pour son pragmatisme, et il n’est donc pas rare de prendre des positions politiques contradictoires.
Bien que le Gouvernement turc ait reconnu l’entité d’occupation immédiatement après sa création, le 28 mars 1948, le peuple turc musulman et les dirigeants musulmans turcs ont toujours manifesté leur attachement à la cause palestinienne. Mais pourquoi Erdoğan et son parti qui font partie de des Frères musulmans – croient-ils ainsi en la normalisation avec les sionistes ? Elle peut être lue à la fois d’un point de vue politique et économique.
On sait politiquement que l’administration de Biden, ainsi que la personne du Président des États-Unis, ne s’intéressent pas principalement à la personne d’Erdoğan, du moins par le biais des stratégies déclarées, ils ont toujours protesté contre les violations des droits de l’homme et l’absence de libertés publiques en Turquie. Biden est l’un des partisans kurdes les plus éminents, l’ennemi juré d’Erdoğan. En outre, l’administration américaine refuse d’extrader les Turcs des chasseurs F-35 ainsi que son soutien au rival d’Erdoğan, Fethullah Gülen. Au milieu de tout cela, Erdoğan, par l’invitation d’Herzog, semble avoir l’intention d’atteindre deux objectifs : L’une consiste à attirer l’attention des Américains en se rapprochant de l’occupant israélien, et l’autre, à prédire l’avenir si les États-Unis quittent la région. Ils ont été remis à l’entité israélienne, après avoir été préparés et équipés.
Sur le plan économique, Erdoğan semble chercher à approfondir les relations économiques turco-israéliennes, afin d’obtenir le transit du gaz de la puissance occupante vers l’Europe, en vue d’obtenir de nouvelles ressources financières, en particulier dans le contexte de l’aggravation de la situation économique de son pays, en plus de fournir du gaz à son pays frappé par une pénurie, où la Turquie importe 90 % de son gaz naturel de l’étranger.
Dans un tel climat, Israël se réjouit maintenant de la victoire en leurrant la Turquie, premièrement : par son illusion de s’approcher de la frontière iranienne, comme elle avait auparavant l’illusion de s’approcher des frontières de l’Iran en se rapprochant des Émirats et de Bahreïn. Deuxièmement : Elle se reconnaîtra comme ayant réussi à normaliser ses relations avec les pays musulmans, ce qui est considéré comme un nouvel élan pour le fragile gouvernement de Bennett.
Cette visite mettra un nouveau terme aux véritables partisans de la cause et du peuple palestinien, ainsi qu’à ceux qui le disent. En fait, on ne peut pas lancer de slogans pour soutenir la cause palestinienne, alors qu’on investit 7 milliards de dollars avec le premier ennemi des musulmans. Cette visite pourrait aussi renforcer les politiques d’occupation et en particulier d’implantation, car nous pourrions assister à une recrudescence des viols de territoires palestiniens dans des zones comme Cheikh Jarrah et Néguev. Nous sommes également censés assister à une rupture plus grande que celle que nous avons connue récemment dans les relations entre le Hamas et les Frères musulmans qui soutiennent la cause palestinienne avec la Turquie. N’oublions pas que le projet d’expulsion des Frères de la Turquie a repris il y a quelques mois, car Erdoğan et afin de renforcer les relations avec l’Égypte ont interdit l’activité des médias des Frères musulmans en Turquie, aucun officiel turc n’a été autorisé à assister comme les années précédentes à la réunion annuelle du Hamas, en plus à cela, Ismaël Haniyeh et Khaled Mechaal ont terminé leur visite en Turquie sans rencontrer de responsables turcs. Enfin, lors de la récente visite du porte-parole d’Erdoğan en Palestine, Ibrahim Kalin n’a rencontré que Mahmoud Abbas.