Politique

« La ville des sultans » sous siège… « La terre » refuge des habitants de Fasher


Quand la terre devient un oreiller et les entrailles de la terre un dernier refuge, les habitants de Fasher comprennent que la survie n’est plus au-dessus de la terre, mais en dessous.

Dans la « ville des sultans » assiégée, il n’y a plus d’autre choix que de creuser des abris de leurs propres mains, à la recherche d’un endroit sûr pour les protéger des obus et des drones, tandis que la faim et la mort les poursuivent à chaque coin de rue.
Dans un trou étroit creusé près de sa maison, Nafisa Malik tente de rassembler ses cinq enfants autour d’elle, cherchant la sécurité au milieu du bruit des obus qui secouent la ville de Fasher, dans la région du Darfour.

Elle n’avait d’autre choix que de creuser cet abri de ses propres mains, en utilisant ce qu’elle avait sous la main : des morceaux de bois et de métal, tandis que des sacs de sable s’accumulaient à l’entrée pour former un bouclier contre les éclats d’obus.

Un abri près de la maison à Fasher pour se cacher

Nafisa n’était pas seule dans cette situation, comme l’a rapporté l’Agence France-Presse. Fasher, dernier bastion de l’armée soudanaise au Darfour, vit sous un siège depuis des mois, au milieu de bombardements incessants de l’artillerie et des drones.

Sous un siège étouffant et des bombardements continus, les habitants de Fasher, connue sous le nom de « ville des sultans », se sont retrouvés contraints de creuser des abris à la main dans leurs maisons, magasins, et même hôpitaux, cherchant toute chance de survie face aux obus et aux drones, tandis que les fournitures alimentaires et médicales diminuent, et que la menace de la famine plane sur la ville assiégée.

Des salles d’opérations dans les abris

Dans l’un des quartiers de la ville, Mohammed Ibrahim (54 ans) a compris que se cacher sous les lits ne suffisait plus pour protéger sa famille.
Il avait perdu certains de ses voisins sous les décombres, tandis que ses enfants vivaient dans la terreur sous les bombardements. Il n’a trouvé d’autre solution que de creuser un abri dans son jardin, où il passe la plupart de son temps avec sa famille, attendant un cessez-le-feu qui pourrait ne jamais arriver.

Ces abris ne se limitent pas aux maisons. À l’hôpital saoudien, l’un des derniers établissements médicaux fonctionnels de la ville, les médecins ont dû creuser leur propre abri en octobre.
À chaque vague de bombardement, ils se précipitaient pour transférer les patients dans cet espace exigu, où les interventions chirurgicales se faisaient à la lumière des téléphones portables, au milieu des vibrations des murs et des explosions incessantes.

Au bord de la famine

Au-delà du danger immédiat des bombardements, la ville fait face à un autre péril tout aussi mortel : la faim. Les marchés sont presque abandonnés et la nourriture se fait rare.
Le transport des marchandises est devenu une aventure périlleuse à cause des barrages et des taxes élevées imposées par les points de contrôle.

En même temps, les Nations Unies ont annoncé la famine frappant trois camps de déplacés autour de Fasher, et il est prévu qu’elle atteigne la ville elle-même dans les mois à venir, avec des avertissements que des centaines de milliers de personnes sont désormais au bord de la faim.

Quelle importance pour Fasher ?

L’importance de Fasher ne réside pas seulement dans son histoire, ayant été autrefois la capitale du Sultanat du Fur au XVIIIe siècle, mais elle représente aujourd’hui un bastion stratégique crucial dans le conflit.

Si les Forces de soutien rapide parviennent à la contrôler, elles étendront leur emprise sur l’ensemble de la région du Darfour, ce qui leur donnera un poids considérable dans les négociations face à l’armée soudanaise.

Mais l’armée et ses alliés font face à une dilemme difficile : la résistance ici est coûteuse, mais elle est essentielle, car la chute de la ville représente une « menace existentielle » pour les tribus locales, notamment les Zaghawa, qui redoutent des représailles des Forces de soutien rapide si elles perdent le contrôle de Fasher.

Dans ces calculs militaires et politiques, les civils restent au cœur de la tragédie, piégés entre les flammes des bombardements et la faim, dans l’attente d’un miracle pour sauver leurs vies, ou du moins leur donner un peu de temps dans leur course contre la mort.

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