Turquie

La Turquie renforce son influence en Libye en signant deux accords militaires avec Dbeibah


Le Premier ministre libyen Abdel Hamid Dbeibah a signé deux accords avec le ministre de la Défense turc mardi, sur la base d’un accord signé en 2019 qui met les pays européens en colère à l’époque.

Les observateurs considèrent que la signature des deux accords constitue un développement dangereux pour les interventions turques en Libye, surtout parce qu’elle coïncide avec le début du dialogue entre l’envoyé de l’ONU pour la Libye, Abdoullah Batelli, et les acteurs libyens pour trouver une issue à la crise qui perdure depuis plus de dix ans, et trouver un terrain d’entente pour la tenue des élections après que Dbeibah n’ait pas réussi à faire valoir ses droits électoraux le 24 décembre dernier.

Ces observateurs soulignent que Dbeibah continue à subordonner la Libye à la Turquie, dans l’espoir de gagner un soutien permanent pour le pouvoir, et aussi dans l’attente d’une offensive offensive de l’armée libyenne à Tripoli, après les appels répétés de Khalifa Haftar aux Libyens pour qu’ils se joignent à la classe politique et qu’il affirme que l’armée est prête à tout mouvement.

Le gouvernement de Dbeibah a publié une déclaration déclarant que les deux accords comprenaient des « protocoles d’application de l’accord de sécurité » signé cette année-là par les autorités de Tripoli, en vertu desquels une attaque violente du chef de l’armée libyenne, Khalifa Haftar, contre la capitale.

La déclaration n’a pas donné d’autres détails.

L’accord de 2019 avait vu la revendication turque de vastes zones riches en gaz dans l’est de la Méditerranée, outrageant la Grèce, la France et l’Union européenne.

Peu de temps après, la livraison de drones turcs aux forces basées à Tripoli change le cours de la bataille et l’emporte sur les forces de Haftar soutenues par la Russie et les EAU.

Dans une déclaration jointe à une photo avec le ministre de la défense turc Hulusi Akar, il est indiqué qu’un autre accord signé mardi par Dbeibah vise à « renforcer la capacité de l’armée de l’air libyenne en utilisant l’expertise turque », alors que  Dbeibah se trouvait en Turquie pour une exposition sur la défense.

Le Ministre turc de la défense a déclaré que son pays n’était pas une puissance étrangère en Libye et qu’il était déterminé à poursuivre ce qu’il a qualifié d’activités de formation, d’assistance et de conseil militaires, en violation flagrante de l’Accord de Genève et des accords internationaux sur la Libye.

Pour sa part, le porte-parole du gouvernement sortant, Mohamed Hammouda, a déclaré sur sa page Facebook officielle que le protocole signé s’inscrit dans le cadre de la coopération sur les articles du Mémorandum d’accord de coopération militaire et de sécurité signé en 2019 entre les parties libyenne et turque.

Hammouda a expliqué que le protocole prévoyait la création de la Commission de défense suprême pour la coopération entre la Libye et la Turquie et de la Commission de coopération militaire, ainsi que la manière dont elle fonctionnerait et exercerait ses fonctions, la composition de ses unités et la définition des domaines de coopération entre les deux pays.

Il a ajouté que le Protocole prévoyait l’échange de formations, de conseils, de données d’expérience et d’informations pour lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée, la sécurité des frontières, l’équipement et l’équipement de pointe dans le secteur militaire, ainsi que l’appui dans le domaine des services médicaux militaires par la fourniture de matériel de pointe et la coopération en matière de cartographie.

Hammouda a évoqué la signature entre les deux pays d’un protocole sur les formations aéronautiques modernes et l’établissement de principes et de responsabilités en matière de formation aéronautique, ainsi que les conditions auxquelles les parties doivent satisfaire en ce qui concerne les candidats et les participants à ces formations.

La communauté politique et populaire libyenne a averti que ces accords, qui visent à diviser la Libye et à hypothéquer une partie de son territoire à la Turquie, n’arrêtent pas d’intervenir militairement sur plus d’un front.

Les milieux politiques libyens s’attendent à ce que, dans les semaines à venir, les positions régionales et internationales concernant la Libye soient modifiées, après la signature des deux accords avec la Turquie qui modifieront l’équilibre des pouvoirs dans la région.

Les deux accords militaires viennent s’ajouter aux précédents excès de Dbeibah, après la signature d’un mémorandum d’accord avec le Gouvernement turc sur le pétrole et le gaz, ce qui est contraire à l’Accord de Genève et aux accords internationaux.

Ces accords interviennent trois semaines après la signature à Tripoli, par le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, d’un accord autorisant l’exploration pétrolière et gazière dans les eaux de la Méditerranée libyenne.

Cette décision a également été confirmée par l’accord de 2019 qui délimite la frontière maritime commune aux deux pays mais provoque la colère en Grèce et à Chypre.

L’accord a été rejeté par une administration rivale dans l’est du pays ravagé par la guerre, ainsi que par son voisin l’Égypte, qui tous deux soutiennent que le mandat de Dbeibah du Premier ministre est terminé.

Dbeibah est arrivé au pouvoir dans le cadre d’un processus de paix mené par les Nations unies à la suite de la bataille de Haftar, une offensive terrestre lancée contre Tripoli.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a connu des divisions et des conflits politiques. Deux gouvernements s’affrontent pour le pouvoir : l’un à Tripoli (Ouest) dirigé par Dbeibah début 2021, l’autre à Fathi Bachagha, nommé par la Chambre des représentants en mars dernier.

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