La Tunisie dément qu’un navire de la Flottille de la Liberté ait été visé par un drone

Le ministère tunisien de l’Intérieur a démenti mardi les informations selon lesquelles un bateau de la Flottille de la Liberté, initiative internationale visant à briser le blocus de Gaza, aurait été attaqué par un drone dans le port de Sidi Bou Saïd. Selon les autorités, il s’agissait en réalité d’un incendie survenu à bord de l’embarcation, rapidement maîtrisé et n’ayant causé ni pertes humaines ni dégâts matériels, à l’exception de quelques gilets de sauvetage brûlés.
Les organisateurs de la flottille avaient affirmé plus tôt dans la journée qu’un de leurs navires principaux, battant pavillon portugais et transportant leur comité directeur, avait été touché par un drone dans les eaux tunisiennes, provoquant un incendie sur le pont principal et dans la zone de stockage. Tous les passagers et membres d’équipage sont toutefois sains et saufs.
L’initiative, soutenue par des délégations issues de 44 pays, a pour objectif de livrer de l’aide humanitaire à Gaza par le biais de bateaux civils. Parmi ses soutiens figurent la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et la députée portugaise de gauche Mariana Mortágua.
Une vidéo diffusée par la flottille sur le réseau X montre le moment où le navire The Family aurait été « attaqué depuis les airs », laissant apparaître un objet lumineux s’écrasant sur le bateau, suivi de l’apparition de fumée. Selon un témoin, des dizaines de personnes se sont rassemblées après l’incident devant le port de Sidi Bou Saïd, brandissant des drapeaux palestiniens et scandant « Palestine libre ».
Israël impose un blocus maritime à la bande de Gaza depuis 2007, date à laquelle le mouvement Hamas a pris le contrôle de l’enclave, affirmant vouloir empêcher l’acheminement d’armes au mouvement. Ce blocus a été maintenu durant le conflit en cours, déclenché après l’attaque de Hamas contre le sud d’Israël en octobre 2023, qui, selon les autorités israéliennes, a fait environ 1 200 morts et 250 otages. Le ministère de la Santé à Gaza affirme pour sa part que l’offensive israélienne qui a suivi a causé la mort de plus de 64 000 Palestiniens, tandis qu’un observatoire mondial de la faim alerte sur l’apparition de la famine dans certaines zones de l’enclave.
Début mars, Israël avait déjà instauré un blocus terrestre strict de Gaza, empêchant l’entrée d’approvisionnements pendant trois mois, en invoquant des détournements d’aide humanitaire par le Hamas. En juin, la marine israélienne avait arraisonné un yacht battant pavillon britannique, à bord duquel se trouvaient Greta Thunberg et d’autres militants, qualifiant ce navire d’« opération de propagande au service du Hamas ».
Dans un communiqué, la Flottille de la Liberté a indiqué qu’une enquête était en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’incident impliquant un drone et qu’un rapport serait publié dès que possible. Elle a ajouté que les « actes d’intimidation et d’entrave » ne parviendraient pas à décourager sa mission pacifique de briser le blocus de Gaza et d’exprimer sa solidarité avec la population de l’enclave.
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, présente au port lors de l’incident, a déclaré : « Nous ignorons qui a mené cette attaque, mais nous ne serions pas surpris si Israël en était responsable. Si cela se confirmait, il s’agirait d’une atteinte à la souveraineté tunisienne. »