La Syrie déjoue la contrebande de mines, adressant un message ferme au Hezbollah
Damas affirme que son territoire ne sera pas un passage ouvert permettant à quelque groupe armé au-delà des frontières de recevoir des approvisionnements militaires susceptibles d’affecter les équilibres régionaux ou de menacer la sécurité intérieure.
Les autorités syriennes, sous la présidence d’Ahmad Al-Shar’a, continuent d’adopter une approche plus rigoureuse dans la gestion des passages frontaliers, longtemps considérés comme des points de vulnérabilité sécuritaire. Le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir déjoué l’une des plus importantes tentatives de trafic de munitions de ces derniers mois, destinée au territoire libanais au profit du Hezbollah, selon des sources sécuritaires officielles.
Le communiqué, publié sur le canal Telegram du ministère, précise qu’une unité spéciale a mené une opération de qualité dans une zone située au nord de la campagne de Damas, au cours de laquelle elle a saisi 1 250 mines militaires prêtes à l’usage. Quatre suspects liés à la cargaison ont été arrêtés, tandis qu’un cinquième a été tué lors d’un bref échange avec la force d’intervention.
Khaled Abbas Taktouk, directeur de la sécurité intérieure à Yabroud, a déclaré que l’opération n’était pas le fruit du hasard, mais l’aboutissement d’un long processus de surveillance qui avait débuté plusieurs semaines auparavant, lorsque les services compétents avaient obtenu une première indication concernant une activité de contrebande inhabituelle dans la région de Al-Jabba. Selon lui, les unités d’observation ont suivi les mouvements du réseau avec précision jusqu’à confirmer l’itinéraire de la cargaison et le moment de son transfert, ce qui a permis de lancer l’assaut au moment opportun sans perdre aucune partie des explosifs.
Cette opération constitue l’un des exemples les plus récents du changement sécuritaire en Syrie depuis la transition politique ayant suivi la chute de l’ancien régime en décembre 2024. Le nouveau gouvernement a engagé une restructuration du système de contrôle des frontières, en coordination avec l’armée et les services
de renseignement, afin de réduire le trafic d’armes et l’activité des réseaux transfrontaliers qui avaient profité des années de chaos.
Des observateurs estiment que le démantèlement d’une tentative de trafic de cette envergure montre que la nouvelle Damas aborde le dossier des frontières libanaises sous un angle différent, notamment en raison des relations complexes ayant marqué la période précédente entre la Syrie et le Hezbollah. Depuis son arrivée au pouvoir, l’actuelle administration s’emploie à envoyer un message clair : le territoire syrien ne servira plus de passage ouvert pour fournir des armes à quelque groupe armé extérieur susceptible d’affecter l’équilibre régional ou de compromettre la sécurité intérieure.
Dans ce contexte, des analystes considèrent que la réussite de cette opération offre aux autorités syriennes l’occasion de réaffirmer leur engagement à lutter contre la contrebande, un dossier souvent critiqué au niveau international en raison de ses enjeux complexes et des multiples acteurs impliqués. Le déroulement maîtrisé de l’opération reflète également une amélioration notable des capacités de collecte d’informations et de la coordination sur le terrain entre les différents organes de sécurité, marquant une évolution claire par rapport aux méthodes antérieures.
L’opération intervient dans un climat régional particulièrement sensible, alors que le Liban traverse une période de tensions politiques et sécuritaires, et que les pressions internationales persistent sur le Hezbollah en raison de ses activités militaires, assorties d’appels à son désarmement. L’interception d’une cargaison d’explosifs de cette ampleur a donc des répercussions directes sur la scène libanaise et confirme, selon des observateurs, que Damas cherche à affirmer son rôle en tant qu’acteur capable de contribuer à la stabilisation de ses frontières plutôt qu’à l’exacerbation des tensions.
Alors que l’enquête se poursuit avec les détenus pour déterminer l’étendue du réseau et l’origine du financement, le nouveau gouvernement syrien semble soucieux de présenter cette opération comme une preuve supplémentaire que l’ère post-2024 repose sur une approche sécuritaire différente : empêcher la contrebande d’armes, quelle que soit la partie bénéficiaire, et reconstruire l’image d’un État capable d’imposer sa souveraineté et de sanctionner ceux qui tentent de déstabiliser son territoire ou celui de ses voisins.
