Politique

La Suisse face à la montée de l’influence des Frères musulmans : vers une confrontation politique croissante


De la France à la Suisse, la lutte contre les Frères musulmans traverse les frontières, faisant résonner l’appel à l’interdiction et ravivant le débat sur la nécessité d’une confrontation avec cette mouvance islamiste.

Le quotidien suisse 24 Heures a mis en garde, mardi, contre l’influence grandissante des Frères musulmans dans le pays, précisant que leur action ne se limite pas aux mosquées, mais s’étend silencieusement à travers des réseaux éducatifs, communautaires et financiers. Ce développement représente, selon le journal, une menace latente pour la cohésion sociale et les valeurs démocratiques suisses.

Le journal francophone souligne qu’un rapport publié récemment en France sur l’islam politique, considéré comme une menace à l’unité nationale, a provoqué un écho immédiat à Berne, la capitale suisse.

Ce rapport a ouvert un débat parlementaire au sein du Conseil fédéral, poussant des députés de différents partis à réclamer une enquête officielle sur le degré d’implantation et d’influence de la mouvance des Frères musulmans dans la société suisse.

L’exemple français comme catalyseur

En France, le rapport a révélé que 7 % des lieux de culte musulmans seraient affiliés aux Frères musulmans, accusés de porter atteinte à la cohésion nationale. Si le débat en Suisse n’a pas encore atteint une telle intensité, le sujet commence néanmoins à apparaître sur l’agenda politique fédéral, notamment à la suite des discussions françaises sur les moyens de contrer ce mouvement.

Dans ce contexte, la députée Jacqueline de Quattro (Parti libéral-radical, canton de Vaud) a soumis une proposition parlementaire appelant le Conseil fédéral à produire un rapport détaillé sur « la présence, l’organisation, les réseaux d’influence et les moyens d’action des mouvements islamistes politiques, en particulier ceux proches des Frères musulmans, en Suisse ».

Cette proposition bénéficie d’un large soutien, notamment de la part des Verts libéraux (PVL), du Centre, du PLR, et du Parti populaire suisse (UDC). Fait notable, la socialiste Estelle Revaz, députée de Genève, a également signé la proposition.

Vers une réponse institutionnelle

Selon 24 Heures, cet appui transversal laisse présager une probable adoption de la motion. En cas d’acceptation, le Département fédéral de justice et police (DFJP) devra mener une évaluation complète de la présence et de l’influence de ces groupes dans les domaines religieux, éducatif, social et numérique.

Si des dérives sont constatées, il reviendra à la police fédérale de proposer des mesures juridiques, réglementaires ou opérationnelles afin de préserver la cohésion sociale et l’État de droit en Suisse.

Une problématique enracinée

Ce n’est pas la première fois que Jacqueline de Quattro intervient sur la question. En juin dernier, elle avait interpellé le ministre fédéral Beat Jans au sujet des mesures prises pour prévenir les risques exposés dans le rapport français. Ce dernier avait évoqué le plan national de prévention de la radicalisation et la révision en cours concernant le financement étranger des lieux de culte.

Mais pour la députée, ces actions restent insuffisantes. Elle estime qu’il est essentiel d’anticiper : « Il est dans notre intérêt de traiter ce problème dès maintenant, pour ne pas nous retrouver dans la même situation que la France. »

Le débat n’est pas nouveau. L’année dernière, la spécialiste suisse des mouvements islamistes Saïda Keller-Messahli avait déjà alerté sur l’influence des Frères musulmans en Suisse, dénonçant un manque de volonté politique pour faire face à ce phénomène. Dans une interview au Matin Dimanche, elle déclarait : « Le problème structurel, en Suisse, ce sont toujours les Frères musulmans. » Elle ajoutait : « Il est surprenant qu’aucune volonté politique sérieuse ne se manifeste pour traiter cette question. »

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