Politique

La Somalie sur deux fronts : avancées contre le terrorisme et défis politiques


La scène somalienne traverse une période charnière, marquée à la fois par une intensification de la lutte militaire contre les organisations terroristes et par une montée des tensions politiques entre les États fédérés et le gouvernement central de Mogadiscio.

Alors que les forces de l’État de Puntland ont renforcé leurs opérations pour infliger des pertes significatives à l’organisation « Daech » retranchée dans les montagnes de Cal Miskad, elles ont trouvé un allié dans la région voisine du Jubaland, qui a, elle aussi, multiplié les signaux politiques contestant ce qu’elle considère comme une « centralisation excessive » du pouvoir par la capitale.

Si les succès militaires confirment une progression notable dans la guerre contre le terrorisme, ils s’accompagnent néanmoins d’une crise de confiance profonde entre les autorités locales et le pouvoir central, mettant en question la stabilité politique et sécuritaire de la Somalie dans les années à venir.

Avancées militaires
Les forces du Puntland ont mené une série d’opérations intensives ciblant les bastions de Daech dans les reliefs escarpés de la chaîne de Cal Miskad, considérée comme un centre stratégique pour les activités du groupe dans le pays.

Selon des responsables sécuritaires de l’État, ces offensives récentes ont entraîné la neutralisation de plusieurs combattants et la destruction de caches d’armes situées dans des villages tels que Silasha Ilalo Yar et Silasha Ilalo Weyne.

Des sources médiatiques locales ont relayé les déclarations d’officiers confirmant le succès d’une attaque coordonnée sur plusieurs fronts visant à sécuriser des positions stratégiques et priver les extrémistes de refuges sûrs, ce qui représente un revers majeur pour le groupe terroriste dans la région.

Ces événements réaffirment la volonté du Puntland de poursuivre ses efforts dans la lutte contre le terrorisme, participant ainsi à la restauration de la stabilité dans le nord-est de la Somalie.

Tensions politiques
Parallèlement à ses actions militaires, le Puntland, rejoint par le Jubaland, a exprimé publiquement son soutien aux appels de l’opposition représentée par le « Forum de sauvetage national », en faveur d’un compromis politique concernant la gestion des affaires nationales, notamment la question électorale.

Les deux États fédérés ont rappelé que le mandat du président Hassan Sheikh Mohamud prend fin le 15 mai 2026, mettant en garde contre toute décision unilatérale qui ignorerait les équilibres constitutionnels et politiques.

Dans un communiqué, le Jubaland a insisté sur la nécessité d’une « consultation nationale inclusive », tout en critiquant le gouvernement central pour son obsession de gains politiques immédiats au détriment de priorités majeures telles que la lutte antiterroriste et l’unité nationale.

Le Puntland a été encore plus sévère dans son jugement, estimant que le refus présidentiel de respecter les accords politiques et la constitution intérimaire avait plongé le pays dans une instabilité politique et une incertitude inquiétante quant à son avenir. Il a ainsi appelé à un dialogue national visant à rétablir la légitimité et l’équilibre institutionnel.

L’opposition regroupée au sein du « Forum de sauvetage national », composée de forces politiques influentes, a intensifié sa critique du gouvernement à l’issue de sa réunion à Mogadiscio les 30 et 31 août. Elle a déclaré rejeter tout prolongement de mandat présidentiel au-delà de la date constitutionnelle, appelant à recentrer les efforts sur la lutte contre le terrorisme plutôt que sur des révisions constitutionnelles et des conflits électoraux.

Le Forum a demandé l’annulation des amendements constitutionnels récents, jugeant les lois électorales et la composition de la commission électorale instaurées par le président comme manquant de transparence, ce qui pourrait compromettre l’intégrité du prochain scrutin.

L’ancien président Sharif Sheikh Ahmed a, pour sa part, mis en garde contre le regain d’influence du mouvement Al-Shabaab, lié à Al-Qaïda, qui a repris le contrôle de zones autrefois libérées et cherche à étendre son emprise.

Lors d’une conférence de presse à Mogadiscio, il a reproché au gouvernement de négliger la menace terroriste au profit de querelles politiques, avertissant que la présence accrue de combattants d’Al-Shabaab aux abords de la capitale ces dernières semaines représente une menace directe pour la sécurité de Mogadiscio.

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