Politique

La Somalie libère la ville stratégique de Barire des mains de Harakat al-Chabab


La reprise du contrôle total de cette ville stratégique constitue un succès militaire, car elle représente un nœud logistique essentiel pour le financement des attaques de Harakat al-chabab contre les forces gouvernementales.

L’armée somalienne et les forces internationales de maintien de la paix (ATMIS) ont « repris le contrôle total » de la ville stratégique de Barire, auparavant aux mains de Harakat al-chabab, à l’issue de combats qui ont duré plus d’une semaine, a annoncé vendredi le ministère de la Défense.

Harakat al-chabab, affilié à Al-Qaïda, s’est emparé de dizaines de villes et villages depuis le lancement de son offensive en début d’année, effaçant ainsi tous les gains réalisés par le gouvernement lors de sa campagne militaire en 2022 et 2023.

En mars, Harakat al-chabab avait pris la ville, qui abritait une importante base opérationnelle de l’armée somalienne, sans combat, à la suite du retrait de l’armée, et avaient détruit un pont stratégique pour les lignes d’approvisionnement militaire.

Le 1er août, la mission de l’Union africaine pour le soutien à la stabilité en Somalie a lancé une « vaste offensive » pour reprendre Barire, située dans la région du Bas-Shabelle.

Vendredi, le ministère de la Défense somalien a annoncé que l’armée, en coopération avec les forces de défense ougandaises participant à l’opération de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), avait repris « le contrôle total » de la ville.

Selon le communiqué, cette reconquête a été obtenue « après une semaine de combats intenses ».

Cette opération s’inscrit dans une vaste campagne militaire engagée l’an dernier par le gouvernement somalien, en coordination avec la mission de l’Union africaine et des alliés internationaux.

L’objectif des autorités est d’affaiblir les capacités de Harakat al-chabab avant d’entamer la troisième phase du plan de transfert des responsabilités sécuritaires de la mission de l’Union africaine vers les forces somaliennes d’ici 2026. La reconquête de Barire illustre la détermination du gouvernement à atteindre cet objectif, malgré les importants défis à relever.

Barire occupe une position stratégique : elle constitue un nœud logistique majeur sur la route reliant la capitale Mogadiscio aux zones agricoles fertiles de la région du Bas-Shabelle. Elle servait également de centre de financement aux Shebab et de point de départ pour leurs attaques contre les forces gouvernementales.

Selon le ministère, plus de 100 combattants shebab ont été tués lors de l’opération. Aucun bilan concernant les pertes d’ATMIS n’a été communiqué.

Le ministère a précisé : « Les forces de sécurité poursuivent les opérations de ratissage dans la ville et ses alentours, et de grandes quantités d’armes et de munitions ont été saisies. »

Malgré la présence de plus de 10 000 soldats de l’Union africaine dans le pays, les Shebab restent capables de mener des attaques significatives. Fin juin, au moins sept soldats ougandais ont été tués lors d’affrontements dans le Bas-Shabelle. En mars, le mouvement a revendiqué un attentat à la bombe ayant failli atteindre le cortège présidentiel, et début avril, il a tiré plusieurs obus près de l’aéroport de la capitale.

Ces développements montrent que la bataille est encore loin d’être remportée et qu’elle exige une stratégie globale.

Dans un autre signe de l’importance accordée au dossier sécuritaire, le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a nommé l’ambassadeur Oweis Haji Youssouf au poste de nouveau conseiller à la sécurité nationale, en remplacement de Hussein Maalim Mohamoud. Ce changement serait lié à des divergences sur la gestion du dossier sécuritaire et la stratégie contre Harakat al-chabab. Le nouveau conseiller est attendu pour jouer un rôle actif dans le renforcement de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.

Les analystes soulignent que le gouvernement somalien adopte une stratégie à trois volets pour combattre Harakat al-chabab: opérations militaires pour briser leur présence sur le terrain, frappes de renseignement pour démanteler leur structure, et assèchement des sources de financement pour frapper leur base économique. Cependant, la capacité du mouvement à reprendre certaines zones dans le centre du pays met en lumière des failles à corriger.

Le renforcement de la coordination entre les unités militaires et de renseignement, l’accélération des réformes du secteur de la sécurité et le soutien aux forces locales sont essentiels pour relever les défis géographiques et logistiques des régions éloignées. Enfin, le succès de cette stratégie repose sur la capacité à assurer sécurité et stabilité aux populations locales, et à gagner leur confiance, afin d’empêcher le retour des Shebab dans les zones libérées.

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