La plus grande depuis le début de la guerre à Gaza… La grève du peuple paralyse Israël

Israël a connu, dimanche, une vaste vague de protestations sous le slogan « La grève du peuple », dans la plus grande mobilisation populaire depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza.
Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues à travers le pays pour réclamer un accord global avec le mouvement Hamas, menant à la libération de tous les otages israéliens détenus depuis l’attaque du 7 octobre 2023.
Rues bloquées et tensions
Dès les premières heures de la matinée, les rassemblements ont commencé sur la « place des otages » à Tel-Aviv, où les protestataires ont brandi un immense drapeau israélien orné des photos des détenus.
Par la suite, les foules ont bloqué plusieurs axes majeurs, parmi lesquels : l’autoroute Ayalon, la route 1 (Jérusalem – Tel-Aviv), la route 6 et la route 4, en plus de fermetures ponctuelles à des carrefours stratégiques tels que Sha’ar HaNegev, Na’ale, Shilat et Karkur.
La police a annoncé l’arrestation de 11 manifestants à Tel-Aviv pour « troubles à l’ordre public », précisant avoir déployé des renforts afin de rouvrir les routes.
Des heurts ont été signalés entre manifestants et automobilistes, notamment lorsqu’un conducteur de camion a agressé des protestataires à Tel-Aviv, et lorsqu’une conductrice a giflé une participante à Kfar Saba.
Escalade près de la frontière de Gaza
En parallèle des manifestations urbaines, des dizaines de protestataires ont entamé une marche depuis le monument de la « Flèche noire » dans la région entourant Gaza, en direction de la frontière avec l’enclave.
La police a affirmé avoir fait face à des tentatives d’intrusion aux points frontaliers, insistant sur le fait qu’elle « ne permettra pas le franchissement des lignes rouges ».
Les familles ont annoncé l’installation d’une nouvelle tente de sit-in près de la frontière à partir de lundi, déclarant : « Notre patience est épuisée. Le temps des otages s’épuise. Si nous ne les ramenons pas maintenant, nous les perdrons à jamais. Le peuple seul les ramènera. »
Soutien présidentiel et critiques gouvernementales
Le président israélien Isaac Herzog a apporté son soutien à la manifestation centrale de Tel-Aviv en déclarant : « Nous ne vous oublions pas un seul instant. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous ramener. Et je m’adresse au monde : cessez l’hypocrisie et faites pression pour la libération des otages. »
En revanche, le Premier ministre Benyamin Netanyahou ainsi que plusieurs ministres et députés de la droite ont vivement attaqué le mouvement de grève.
Netanyahou a estimé que « les manifestants qui réclament la fin de la guerre à Gaza renforcent la position du Hamas ».
En ouverture du conseil hebdomadaire des ministres, il a déclaré, selon un communiqué de son bureau : « Ceux qui appellent aujourd’hui à mettre fin à la guerre sans défaire le Hamas ne font pas qu’encourager le Hamas et retarder la libération de nos otages, mais garantissent aussi la répétition des tragédies du 7 octobre. »
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a écrit sur la plateforme X : « Cette campagne est dangereuse, elle sert le Hamas, enterre les otages dans les tunnels et tente de pousser l’État à capituler. »
Quant au député du Likoud Hanoch Milwidsky, il a qualifié les manifestations de « désordres favorables au Hamas… Des Israéliens qui incendient l’État pour empêcher l’élimination du mouvement ».
Témoignages de familles et d’anciens détenus
En réponse à ces critiques, le comité des familles des otages a publié un communiqué virulent : « Vous pouvez continuer à vous cacher derrière des jeux politiques, mais vous ne pouvez pas fuir vos responsabilités. Cette journée restera dans la mémoire nationale : ceux qui ont soutenu les familles et ceux qui leur ont tourné le dos. Les excuses sont terminées – ramenez tout le monde maintenant, ou vous serez à jamais associés à la honte. »
Parmi les manifestants figurait Noam Peri, fille de l’otage tué Haim Peri, qui a déclaré : « Mon père aurait pu être ramené dans le cadre d’un accord, mais des calculs politiques l’ont empêché. Le Premier ministre a la capacité de conclure un accord global, mais il choisit de prolonger la guerre. »
Shimon Buskila, père d’une victime de l’attaque du festival Nova, a affirmé : « J’ai enterré ce que j’avais de plus cher, et je n’autoriserai pas d’autres familles à payer le même prix. »
Eyal Eshel, père de la soldate tuée Roni Eshel, a déclaré : « La responsabilité est collective. Tout le monde doit descendre dans la rue et se montrer solidaire jusqu’au retour des otages. »
L’ancienne otage Arbel Yehud, s’adressant à la foule, a ajouté : « Je sais trop bien ce que signifie être prisonnier. La pression militaire ne ramènera pas les otages, elle les tuera. La seule solution est un accord global, sans jeux politiques. Cette journée doit se répéter encore et encore jusqu’à ce que tous les otages rentrent. »
Enfin, Tami Baruch, mère de l’otage tué Sahar Baruch du kibboutz Beeri, a déclaré : « Nous ne pourrons pas guérir de ce que nous avons traversé tant que tout le monde ne sera pas rentré. J’appelle à un accord global maintenant, pour ramener les otages vivants et offrir aux morts une sépulture digne. »