Politique

La Palestine sur la carte mondiale : pays reconnaissants et opposants


« La perle a roulé », dit un proverbe arabe qui illustre la vague actuelle de reconnaissances occidentales de l’État de Palestine. Mais la question demeure : que signifie réellement ce mouvement ?

Depuis quelques jours, les reconnaissances internationales de la Palestine se multiplient. Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont annoncé leur décision, bientôt suivis par le Portugal.

À la tribune des Nations unies hier, la France et d’autres pays ont également reconnu l’État palestinien : la Belgique, le Luxembourg, Malte, Andorre, ainsi que la principauté de Monaco.

Voici un aperçu du processus de reconnaissance diplomatique de l’État palestinien, proclamé par la direction palestinienne en exil à Alger en 1988, à travers une série de questions et réponses.

Première question :

Qui reconnaît et qui reconnaîtra l’État de Palestine ?
Réponse : les trois quarts des États membres des Nations unies.
Selon un décompte de l’Agence France-Presse, au moins 150 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent l’État palestinien.

Ce chiffre inclut les pays qui ont annoncé leur reconnaissance ces derniers jours, jusqu’à ce mardi matin.

L’Algérie a été la première à reconnaître officiellement l’État palestinien le 15 novembre 1988, quelques minutes seulement après la déclaration unilatérale d’indépendance proclamée par Yasser Arafat, leader de l’Organisation de libération de la Palestine.

Dans les semaines et mois qui ont suivi, des dizaines d’autres pays ont emboîté le pas. Puis, entre la fin 2010 et le début 2011, une nouvelle vague de reconnaissances a eu lieu.

La guerre israélienne contre la bande de Gaza, déclenchée en réponse à l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, a poussé 13 pays supplémentaires à reconnaître l’État palestinien.

Deuxième question :

Que signifie la reconnaissance ?
La Palestine bénéficie d’une reconnaissance internationale large, dispose de représentations diplomatiques à l’étranger, ainsi que d’équipes participant à des compétitions sportives, y compris les Jeux olympiques.

Avec les reconnaissances britannique et française, la Palestine bénéficie désormais du soutien de 4 des 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, puisque la Chine et la Russie l’avaient reconnue dès 1988.

Cela laisse les États-Unis, allié indéfectible d’Israël, isolés dans une minorité d’une seule puissance.

Cependant, en raison du conflit prolongé avec Israël, l’État palestinien ne dispose pas de frontières internationalement reconnues, ni de capitale, ni d’armée.

À cause de l’occupation militaire israélienne de la Cisjordanie, l’Autorité palestinienne — créée à la suite des accords de paix des années 1990 — n’exerce pas un contrôle complet sur son territoire ni sur sa population. La bande de Gaza, toujours sous occupation israélienne, subit une guerre dévastatrice.

Troisième question :

Quelle est la différence entre reconnaissance d’un État et pleine adhésion à l’ONU ?
La reconnaissance correspond à l’acceptation, par un ou plusieurs pays, de la légitimité d’un État souverain sur un territoire donné.

Cette reconnaissance peut être symbolique ou politique, sans nécessairement conférer tous les droits et obligations internationaux.

Par exemple, bien que la Palestine soit reconnue par environ les trois quarts des États du monde, cela ne signifie pas qu’elle soit membre à part entière de l’ONU.

La pleine adhésion à l’ONU implique un statut officiel d’État membre, avec droit de vote à l’Assemblée générale et respect de toutes les obligations onusiennes. Cette adhésion requiert l’approbation de l’Assemblée générale et l’aval du Conseil de sécurité.

À ce jour, la Palestine n’est pas membre à part entière, mais bénéficie du statut d’« État observateur » depuis 2012.

Quatrième question :

Quels sont les pays qui ne reconnaissent pas l’État de Palestine ?
Réponse : au moins 40 pays, dont Israël, les États-Unis et plusieurs de leurs alliés.

  • En Asie : Japon, Corée du Sud, Singapour
  • En Afrique : Cameroun
  • En Amérique latine : Panama
  • En Océanie : la plupart des pays

L’Europe est la région la plus divisée.

Jusqu’au milieu des années 2010, seuls la Turquie et les anciens pays du bloc soviétique reconnaissaient la Palestine.

Aujourd’hui encore, certains pays d’Europe de l’Est, comme la Hongrie et la République tchèque, ne reconnaissent pas un État palestinien au niveau bilatéral.

Jusqu’à récemment, les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord étaient unis dans leur refus, à l’exception de la Suède, qui a officialisé sa reconnaissance en 2014.

Mais la guerre à Gaza a bouleversé cette position. La Norvège, l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie ont reconnu l’État palestinien en 2024, suivies par le Royaume-Uni et le Portugal dimanche dernier.

Selon l’AFP, l’Italie et l’Allemagne n’envisagent pas, pour l’instant, de reconnaître l’État de Palestine.

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