Politique

La nouvelle stratégie de Netanyahou pour Gaza : sept obstacles qui risquent de mener à l’échec


Israël se prépare à lancer, à la mi-septembre, une vaste offensive sur la ville de Gaza et les camps centraux, dans une nouvelle tentative de faire tomber le Hamas et de libérer les otages.

Selon des médias israéliens, plus de 60 000 réservistes devraient être mobilisés pour cette opération décrite comme une « phase décisive » de la guerre. Un ordre d’évacuation forcée visant un million de Palestiniens devrait également être émis, en prélude à une offensive terrestre sur le cœur de l’enclave.

Cependant, le quotidien britannique The Times estime que ce plan n’est qu’une répétition de tentatives passées, vouées à l’échec pour des raisons structurelles persistantes depuis le déclenchement de la guerre en octobre 2023.

Le journal a identifié sept facteurs qui rendent illusoire l’idée d’une « victoire totale » telle que défendue par Benyamin Netanyahou.

L’otage, une contrainte militaire

On estime qu’il reste environ 50 otages israéliens aux mains du Hamas, dont 30 probablement décédés et 20 encore en vie. Cette réalité limite toute manœuvre militaire : attaquer des zones densément peuplées, où certains otages sont retenus, risquerait de les tuer. L’opération de Nuseirat, en juin dernier, a illustré ce dilemme : quatre otages ont été libérés, mais plus de 270 Palestiniens ont perdu la vie, selon le ministère de la Santé de Gaza.

L’absence de vision pour « l’après »

Malgré les discours sur « l’élimination du Hamas », le gouvernement israélien n’avance aucun plan de gouvernance pour Gaza. Il rejette aussi bien l’Autorité palestinienne que toute autre alternative internationale. Un vide politique qui ne ferait que préparer la résurgence du Hamas ou l’émergence de nouvelles formes de résistance.

Une guerre urbaine impossible à trancher

La densité urbaine de Gaza, ses tunnels et ses ruelles enchevêtrées en font un terrain idéal pour la guérilla. L’armée israélienne n’a jamais pu maintenir un contrôle durable : les combattants se replient à l’assaut pour réapparaître dès le retrait des troupes. Cette logique d’usure rend toute occupation prolongée intenable.

Le poids des civils et de la légitimité internationale

L’opération projetée inclut le déplacement d’un million de Palestiniens. De telles images de masse déplacée et de destructions massives attiseraient davantage la colère internationale, alors même que la guerre fait déjà l’objet de critiques croissantes en Europe et aux États-Unis. Obtenir un « feu vert diplomatique » semble hors de portée dans ce contexte.

Un pays divisé et un gouvernement affaibli

En Israël, les manifestations hebdomadaires se multiplient, exigeant un accord immédiat pour libérer les otages. Beaucoup de familles redoutent qu’un élargissement des combats ne condamne leurs proches. Cette fracture, ajoutée aux difficultés judiciaires et politiques de Netanyahou, entrave la cohérence stratégique du gouvernement.

Un processus de négociation bloqué

Le Hamas a récemment proposé la libération partielle de dix otages vivants et de dix-huit corps, en échange d’une trêve de soixante jours. Netanyahou a rejeté l’offre, exigeant un accord global. Une position paradoxale : tout en affirmant vouloir sauver les otages, le gouvernement ferme la porte à des compromis susceptibles d’épargner des vies.

L’échec des stratégies passées

Depuis octobre 2023, plusieurs offensives israéliennes se sont heurtées aux mêmes limites. L’accroissement des forces déployées ou l’intensification des bombardements n’ont pas modifié la donne : une organisation profondément enracinée dans le tissu civil ne peut être éradiquée sans provoquer une catastrophe humanitaire et compromettre le sort des otages.

Selon The Times, cette nouvelle stratégie ressemble moins à une issue décisive qu’à une fuite en avant. L’absence de projet politique crédible pour l’après-guerre, l’impasse des négociations, la complexité du terrain et la pression de l’opinion publique condamnent, une fois encore, l’objectif de « victoire totale » à demeurer un mirage.

 

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