Moyen-Orient

La nouvelle Gaza entre opportunité américaine et inquiétudes palestiniennes


Les récentes déclarations de responsables américains concernant la reconstruction des zones de Gaza placées sous contrôle israélien ont suscité un vaste débat au sein des cercles politiques et humanitaires. Ce débat tourne autour de la pertinence d’une « reconstruction partielle » du territoire et des véritables intentions dissimulées derrière ce projet présenté comme humanitaire.

Alors que ses partisans y voient une « occasion historique pour une nouvelle Gaza », plusieurs observateurs considèrent qu’il s’agit d’une tentative de légitimer un « nouvel ordre occupationnel sous couvert de développement et de reconstruction », selon le quotidien The New York Times.

Le soutien américain provient de figures politiques influentes telles que le vice-président américain J.D. Vance et l’ancien conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, qui ont tous deux affirmé que la reconstruction « ne devait pas attendre le désarmement complet du Hamas ».

Lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv, Kushner a proposé de commencer immédiatement les travaux dans les zones situées à l’est de ce qu’il a appelé « la ligne jaune », déclarant : « Aucun fonds ne sera alloué aux régions encore sous le contrôle du Hamas ; nous construirons une nouvelle Gaza dans la partie tenue par Israël. »

Selon les termes du dernier cessez-le-feu, Israël contrôle actuellement environ 53 % de la bande de Gaza, des zones presque désertes après les ordres donnés par l’armée israélienne aux civils de ne pas y retourner. Des rapports sur le terrain indiquent qu’Israël a déjà commencé à délimiter ces zones par des blocs de béton jaunes, tandis qu’environ 30 000 Palestiniens vivent provisoirement dans les secteurs de Rafah et Khan Younès, sans autorisation de retourner dans leurs foyers d’origine.

Entre approbation et réserves

Cette initiative a été bien accueillie dans les milieux favorables à Israël, où certains y voient une chance de créer un « modèle palestinien alternatif », exempt de l’influence du Hamas, doté d’une infrastructure moderne et d’une administration rigoureuse.

Vance a exprimé son enthousiasme pour le projet lors de sa visite en Israël, déclarant : « Prenez les zones où le Hamas ne fonctionne plus et reconstruisez-les rapidement pour offrir des logements, des emplois et la sécurité aux Palestiniens. »

Cependant, plusieurs experts militaires israéliens mettent en garde contre un risque de « colonisation sous emballage humanitaire ». Tamir Hayman, ancien chef du renseignement militaire israélien, a expliqué : « Pour empêcher le Hamas de revenir dans ces zones, Israël devra maintenir une surveillance constante et des points de contrôle permanents, ce qui pourrait inciter le mouvement à riposter. »

Un rejet palestinien ferme

Le projet rencontre une vive opposition du côté palestinien. Des économistes dénoncent une méconnaissance totale de la réalité du territoire. Eid Abu Ramadan, président de la Chambre de commerce de la province de Gaza, a déclaré : « Israël contrôle les terres agricoles et industrielles. Où vont-ils construire ces logements ? Cela n’a aucun sens. »

Des militants palestiniens mettent également en garde contre les effets sociaux du plan. Mohamed Farès, un déplacé ayant perdu sa maison, a déclaré : « Nous ne voulons ni projets de substitution ni vies temporaires. Nous voulons simplement retourner chez nous, là où nos racines sont ancrées. »

Le journal conclut que le plan de reconstruction de Gaza s’apparente à un affrontement entre visions divergentes : pour les États-Unis, il représente une chance de stabilité ; pour Israël, une question de sécurité ; pour les Palestiniens, un projet de fragmentation et de déracinement.

Mais au-delà des discours, les obstacles restent considérables : financement incertain, désaccords politiques et méfiance généralisée risquent de transformer cette initiative ambitieuse en un « nouvel mirage » dans l’histoire longue et tourmentée du conflit israélo-palestinien.

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