La menace des Frères musulmans sur l’éducation en France : les lignes de front partent d’Averroès

Alors que l’inquiétude grandit face à l’influence croissante des Frères musulmans, le lycée Averroès revient au cœur de la controverse, en tant que symbole d’une pénétration idéologique subtile au sein des établissements éducatifs français.
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Il ne s’agit plus simplement d’un litige juridique autour du financement d’un établissement scolaire, mais bien d’une confrontation plus large menée par l’État français contre un projet idéologique visant à s’implanter dans le système éducatif sous couvert du respect des lois.
Des experts politiques français estiment que la décision du président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, de suspendre le financement du lycée Averroès, constitue une mesure ferme dans une stratégie nécessaire pour lutter contre l’infiltration de l’idéologie des Frères musulmans dans les institutions éducatives de l’Hexagone.
Devant une commission d’enquête parlementaire mardi dernier, Bertrand a réitéré ses accusations contre le lycée Averroès, le plus grand établissement scolaire islamique de France, affirmant qu’il entretient des liens avec les Frères musulmans. Il a insisté sur le fait qu’il ne regrettait nullement sa décision de lui retirer le financement régional, malgré une décision judiciaire ordonnant la reprise du soutien financier.
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« Si c’était à refaire, je prendrais exactement la même décision », a-t-il déclaré, se décrivant comme « le lanceur d’alerte » sur ce dossier.
Lors de l’audition, qui a duré une heure et demie, il a ajouté : « Si je n’avais pas lancé l’alerte, rien n’aurait changé. Ce combat restera le mien jusqu’au bout ».
Bien que le tribunal administratif de Lille ait conclu qu’aucune faute grave ne justifiait l’arrêt du financement, Bertrand a annoncé que la région ne reprendrait pas le soutien tant que tous les recours judiciaires ne seront pas épuisés, affirmant qu’il n’avait « commis aucune erreur ».
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Un réseau étendu
Pour Guillaume Rouhier, directeur de l’unité d’études sur l’extrémisme islamique à la fondation Fondapol, la position de Bertrand « témoigne d’une conscience politique remarquable face à ce que l’on appelle l’infiltration douce, exercée par certaines associations éducatives proches des Frères musulmans ».
Rouhier a expliqué que « l’établissement Averroès n’est pas une simple école, mais fait partie d’un réseau plus vaste liant enseignement religieux et idéologie islamiste transnationale, qui tente de s’adapter aux lois françaises sans en respecter réellement l’esprit républicain ».
Selon lui, l’absence de faute grave sur le plan juridique ne signifie pas l’absence d’indices idéologiques mettant en péril la neutralité du système éducatif. Ainsi, l’attitude de Bertrand ne relèverait pas d’un calcul électoral, mais d’une démarche préventive et légitime.
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Un combat culturel et souverain
De son côté, Laurence Picot, chercheuse au Centre d’études de la vie politique française (CEVIPOF), a affirmé que « le problème n’est pas seulement juridique, mais culturel et souverain ».
Elle explique que le lycée Averroès « s’appuie sur une vision éducative d’inspiration islamiste politique », ajoutant que « depuis 2015, plusieurs enquêtes ont démontré comment ces établissements deviennent progressivement des centres d’influence au service des Frères musulmans, via des financements suspects et des contenus pédagogiques controversés ».
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Pour Picot, « soutenir ce type d’écoles, même lorsqu’elles opèrent dans un cadre légal, revient à légitimer l’idée d’un islam politique intégré au système éducatif français ».
En maintenant sa position, Xavier Bertrand agit en tant que responsable politique conscient que le combat contre l’idéologie islamiste ne se limite plus aux associations ou aux mosquées, mais s’étend désormais jusqu’au cœur de l’école républicaine. Malgré la décision du tribunal, il insiste sur la nécessité d’épuiser toutes les voies légales, considérant son rôle de lanceur d’alerte comme un engagement de principe pour protéger la République de toute normalisation d’institutions à arrière-plan islamiste, aussi conformes qu’elles puissent paraître.