La justice tunisienne enquête à nouveau sur les dirigeants du mouvement Ennahdha
Dans l’attente de la comparution de Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, et de l’ancien président du Parlement tunisien, lundi prochain, devant le pôle judiciaire de la lutte antiterroriste, pour une enquête sur le dossier de déportation ds jeunes tunisiens dans des foyers de tension » en dehors de Tunisie, entre 2012 et 2013, la justice tunisienne a entamé aujourd’hui une enquête avec un certain nombre d’autres dirigeants, pour la plupart membres du mouvement Ennahdha, pour s’être accusés du même dossier.
Aujourd’hui, les juges tunisiens ont également repris l’enquête avec Mohamed Affes, chef du parti de la Coalition Dignité, proche du mouvement Ennahdha, dirigé par Seifeddine Makhlouf, un jour après avoir entendu Habib Ellouze, membre du Conseil Shoura « Ennahdha » et ancien député parlementaire, et ont décidé de le maintenir en liberté.
Vendredi dernier, le juge d’instruction de la Cour suprême de lutte contre le terrorisme a convoqué Noureddine El Khademi, ancien ministre des affaires religieuses, et le dirigeant du mouvement Ennahdha pour entendre sa déclaration sur la même affaire jusqu’à la semaine prochaine, en raison de sa présence hors de Tunisie.
Ali Larayedh, ancien chef du gouvernement et ancien ministre de l’Intérieur, sera de nouveau invité le 19 décembre prochain à comparaître devant la justice et à poursuivre son enquête, deux jours seulement après les élections législatives en Tunisie.
La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a décidé le 13 octobre dernier de soutenir la décision du juge d’instruction de maintenir 39 accusés en liberté et de renvoyer le dossier au juge d’instruction du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme afin de poursuivre l’enquête, ce que la justice tunisienne cherche à obtenir.
Le Parquet du Centre judiciaire antiterroriste a également décidé, après le prononcé de la décision de maintien en liberté d’un groupe de prévenus, de faire appel de la décision de maintien en liberté de 39 prévenus sur 820, qui faisaient l’objet de recherches dans le même dossier, en état de libération, dont Ghannouchi et Larayedh.
Lors des précédentes sessions d’enquête, cinq accusés avaient été condamnés à une peine d’emprisonnement; Fathi Al-Baladi, chargé de cabinet du Ministre de l’intérieur, Mohsen Zouari, ancien directeur général des services compétents du même ministère, Abdelkrim Laabidi, ancien chef de la Brigade de protection aérienne, ainsi que Saif al-Din Raïs, ancien porte-parole d’Ansar al-Sharia, interdit, et Nour-Eddine Kandour, leader de la même organisation.
Il est à noter que l’affaire de l’ambassadeur de la jeunesse tunisienne dans les foyers de tension est née à la suite d’une plainte déposée en 2021 par Fatima El Mesdi, l’ancienne députée du Mouvement Nidaa Tounes, auprès du tribunal militaire. El Mesdi était membre de la Commission d’enquête parlementaire créée pour révéler les secrets et les circonstances des réseaux de déportation des jeunes dans de foyers de tension, mais le tribunal militaire a décidé de renoncer au dossier au profit de la branche judiciaire de la lutte contre le terrorisme.
Des recherches ont été entreprises dans ce dossier après que l’Unité nationale de lutte contre le terrorisme eut entendu le plaignant; Elle a fourni toutes les données que la Commission a pu obtenir, permettant ainsi d’ouvrir un débat sur le sujet. La justice commence à appeler toutes les parties accusées de participation directe ou indirecte à des opérations qui font déporter des milliers de jeunes gens dans des foyers de tension en dehors de la Tunisie.
Par ailleurs, Sami Ben Salama, membre de la commission électorale tunisienne dont le mandat a été gelé sans qu’une décision présidentielle ait été prise pour le démettre de ses fonctions, le président tunisien ayant désigné les membres, a annoncé qu’il avait été convoqué par la sous-direction des affaires criminelles pour comparaître devant la commission, demain mercredi, à la suite de plusieurs billets qu’il a publiés contre la commission électorale, l’accusant de ne pas respecter les normes internationales.