Politique

La Jordanie ferme la porte à tout rôle militaire en Cisjordanie et à Gaza


Le gouvernement jordanien a réaffirmé sa position ferme concernant toute participation militaire dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie, soulignant que le rôle qu’il entend jouer dans l’avenir du territoire assiégé repose exclusivement sur la politique, l’aide humanitaire et la reconstruction, et non sur une implication militaire.

Le porte-parole du gouvernement, Mohammed Al-Moumani, a déclaré vendredi soir lors d’une interview télévisée : « Nous n’enverrons pas de troupes jordaniennes dans la bande de Gaza, et nous n’aurons aucun rôle militaire ni en Cisjordanie ni dans le secteur. Ce que nous soutenons, c’est la cessation de la guerre, l’acheminement des aides humanitaires et une démarche politique claire menant à la reconstruction. »

Ces déclarations visent à dissiper toute spéculation concernant une participation jordanienne à une éventuelle force internationale chargée de la sécurité à Gaza. Elles tracent également une ligne de démarcation entre les priorités du royaume, qui privilégient la stabilité régionale et la paix durable, et les initiatives sécuritaires actuellement discutées dans le cadre de la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Le propos d’Al-Moumani intervient après que les forces armées jordaniennes ont annoncé la nomination d’un représentant au sein du Centre de coordination civil-militaire (CMCC) récemment inauguré par le Commandement central américain (CENTCOM) à Gaza. Ce centre, composé d’environ 200 soldats américains et d’experts internationaux, vise à faciliter la coordination humanitaire et la stabilisation sécuritaire du territoire.

La position d’Amman est claire : sa participation se limitera strictement à un rôle civil et humanitaire, rejetant toute interprétation susceptible d’en faire un prélude à une présence militaire.

Al-Moumani a également souligné que le peuple palestinien a le droit de décider de son propre destin, rappelant que « le déplacement forcé et toute atteinte aux lieux saints de Jérusalem constituent une ligne rouge ».

Critiquant les récentes politiques israéliennes de colonisation et d’annexion de la Cisjordanie, le porte-parole les a qualifiées « d’agressives », tout en saluant les efforts américains et internationaux s’opposant à ces pratiques. Il a insisté sur le fait que le refus jordanien ne se limite pas à une absence d’engagement militaire, mais qu’il s’agit d’une position politique globale en faveur de la création d’un État palestinien indépendant.

Le responsable a ajouté que les efforts humanitaires jordaniens en faveur de Gaza se poursuivront sans relâche, précisant que « les aides et les opérations de secours menées par le royaume sont une source de fierté pour chaque Jordanien et pour le monde arabe ».

Le gouvernement jordanien réaffirme ainsi qu’il ne ménagera aucun effort pour venir en aide à la population gazaouie, concluant : « Nous ne tarderons jamais à offrir tout ce qui peut soutenir nos frères et nos familles à Gaza. »

Cette position, fondée sur le rejet de toute implication militaire, contraste avec les propos du secrétaire d’État américain Marco Rubio, qui s’est déclaré « optimiste » quant à la volonté de plusieurs pays de contribuer à une force internationale de stabilisation à Gaza.

Cet optimisme survient alors que la trêve entre Israël et le Hamas, entrée en vigueur le 10 octobre, tente de se consolider dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix de l’administration Trump.

Rubio a précisé que la future force internationale devrait être composée de pays « en qui Israël a confiance », ajoutant que « plusieurs États ont déjà proposé de participer ». Le plan de paix, composé de vingt articles et approuvé par Israël et le Hamas le 9 octobre, prévoit la création d’une « force internationale temporaire de stabilisation » à Gaza, chargée de former et d’appuyer une police palestinienne agréée.

Rubio a confirmé que toutes les parties s’étaient mises d’accord pour écarter tout rôle du Hamas dans le futur de Gaza, affirmant que Washington travaille, si nécessaire avec les Nations unies, à créer les conditions favorables au déploiement de cette force.

Il a également exprimé son optimisme quant à la durabilité du cessez-le-feu, malgré une récente flambée de violence ayant fait 45 morts palestiniens après des frappes israéliennes. Pour Amman, cette situation confirme que la paix durable et la stabilité ne peuvent être atteintes que par la voie politique, la reconstruction et la levée du blocus, et non par des dispositifs militaires temporaires.

 

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