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La guerre et les épidémies : des catastrophes hors de contrôle qui fauchent les vies des Soudanais


Dans une réalité où la survie est devenue une « loterie », les Soudanais affrontent quotidiennement des scénarios de mort multiples : éclats d’obus, balles perdues ou maladies nourries par le chaos et l’effondrement des services publics.

Depuis le déclenchement du conflit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide en avril 2023, la spirale meurtrière ne cesse de s’amplifier, emportant des milliers de vies, notamment parmi ceux qui n’ont pas réussi à fuir au-delà des frontières, contrairement aux millions de réfugiés ayant échappé à l’enfer.

Le pays vit l’une des crises les plus complexes de son histoire contemporaine. La guerre a provoqué des dizaines de milliers de morts et de blessés, et contraint plus de 10 millions de personnes à l’exil interne ou externe. Elle s’accompagne d’un effondrement quasi total des services essentiels, en particulier dans les secteurs de la santé et de l’éducation, aggravant la crise humanitaire à des niveaux sans précédent. Des accusations graves d’exactions massives contre les civils sont par ailleurs documentées à travers différentes régions.

Une guerre dévastatrice

Un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, relayé par Reuters, indique que 3 384 civils ont été tués entre janvier et juin de cette année, principalement au Darfour. La majorité de ces morts sont liées aux bombardements d’artillerie, aux frappes aériennes et à l’usage de drones dans des zones densément peuplées.

Au moins 990 civils ont péri lors d’exécutions sommaires au cours du premier semestre, un nombre qui a triplé entre février et avril.

Le Haut-Commissaire Volker Türk a par ailleurs révélé que 24,6 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire aiguë et que 19 millions n’ont plus accès à l’eau potable ni aux services d’assainissement. L’épidémie de choléra, toujours active, a déjà coûté la vie à plus de 2 500 personnes selon le Comité international de la Croix-Rouge, soulignant l’ampleur de la catastrophe sanitaire.

Épidémies mortelles

Pour ceux qui survivent aux balles et aux bombardements, le danger prend une autre forme : les maladies infectieuses. Le choléra, la dengue, le paludisme ou la fièvre typhoïde s’abattent sur des populations déjà épuisées par l’exode et la faim.

Des rapports des cellules d’urgence en août 2024 signalent une flambée accélérée de la dengue, avec plus de 19 000 cas enregistrés en un mois, sur fond de flambée des prix des médicaments et d’un système sanitaire exsangue. Le moustique vecteur est désormais présent à des niveaux alarmants dans 17 États, dont certaines zones de Khartoum où la densité atteint 60 %, nécessitant une intervention immédiate.

La dégradation du système de soins est telle que des pénuries frappent même les solutions intraveineuses les plus basiques, comme le paracétamol, dont le prix a atteint 20 000 livres soudanaises (environ 33 dollars), inaccessible pour la majorité de la population.

Le choléra, une menace persistante

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte qu’au 24 septembre 2024, plus de 113 600 cas de choléra et 3 000 décès ont été enregistrés à travers le pays. Le taux de létalité, à 2,7 %, est particulièrement préoccupant, avec le Darfour comme épicentre. Rien qu’au Nord-Darfour, la localité de Tawila, qui abrite plus d’un demi-million de déplacés, concentre 61 % des cas recensés.

Une campagne de vaccination ciblant 1,86 million de personnes a été lancée dans six zones à haut risque du Darfour. Toutefois, selon la représentante adjointe de l’OMS au Soudan, Hala al-Khudari, la vaccination n’est qu’un volet d’une réponse globale incluant surveillance, traitement, accès à l’eau potable et mobilisation communautaire.

Elle a conclu en soulignant que « sans paix, maintenir les services de santé restera un défi immense ».

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