Grand Maghreb

La grève de la faim de Ghannouchi : une tentative désespérée de sauver ce qui reste des Frères musulmans en Tunisie


Dans un geste désespéré pour attirer l’attention, Rached Ghannouchi, chef du mouvement des Frères musulmans en Tunisie, a entamé une grève de la faim depuis sa cellule, prétendant manifester sa solidarité avec Gaza.

Selon plusieurs observateurs, cette démarche s’inscrit dans une tentative de remettre son nom sur le devant de la scène, alors que ses anciens alliés se sont éloignés depuis le début du processus de reddition de comptes visant le mouvement islamiste.

Depuis sa détention à la prison de Mornaguia, à l’ouest de Tunis, Ghannouchi a annoncé sa grève de la faim par le biais d’un communiqué publié par le parti Ennahdha.

Son équipe de défense a confirmé qu’il s’agit d’une grève de la faim symbolique, ouverte, censée exprimer sa solidarité avec la population de Gaza.

Toutefois, pour de nombreux analystes, cette initiative n’est rien d’autre qu’une manœuvre de façade, après son incarcération dans le cadre d’affaires liées au terrorisme et à des complots contre la sécurité de l’État.

Le politologue tunisien Mongi Essarrafi a déclaré au média « Al-Ain » que cette grève représente « un message codé à ses partisans : il est toujours là et capable d’agir politiquement. »

Selon lui, Ghannouchi cherche à réfuter les discours qui affirment qu’il est fini et relégué au passé. Il considère cette grève comme un appel émotionnel destiné à mobiliser les gens, en utilisant la cause palestinienne comme levier affectif.

Il rappelle également que Ghannouchi a perdu tout soutien populaire, aussi bien sur la scène nationale qu’internationale, et que le parti Ennahdha est aujourd’hui fragmenté, avec à peine cinq ou six figures encore actives, telles que Riadh Chaïbi, Imed Khemiri ou Belkacem Hassan.

De son côté, l’analyste politique tunisien Nabil Gouari estime que la grève de la faim de Ghannouchi n’est qu’une « opération de communication désespérée, destinée à capter l’attention alors que tout le monde s’est détourné de lui ».

Dans un entretien avec « Al-Ain », Gouari souligne que Ghannouchi cherche à exporter sa propre crise vers l’espace public, alors que le processus judiciaire avance et que les verdicts contre lui et d’autres dirigeants du mouvement islamiste tombent les uns après les autres.

Face à un isolement croissant et au constat que ses espoirs de pression internationale ou d’intervention en sa faveur ont échoué, il ne lui reste que l’arme de la grève de la faim comme outil de propagande, explique-t-il.

Il ajoute qu’une large frange d’Ennahdha cherche aujourd’hui à s’allier avec le pouvoir. Cette faction, qui veut tourner la page Ghannouchi, voit d’un bon œil son maintien en prison, condition essentielle pour désigner une nouvelle direction, après l’échec répété des tentatives de renouvellement en raison de l’emprise du leader historique et de sa famille sur le mouvement.

Rached Ghannouchi a été condamné à plusieurs reprises, notamment à 22 ans de prison pour intelligence avec l’étranger, 5 ans pour financement étranger illégal et 14 ans pour complot contre la sûreté de l’État.

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